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Gaza, un peuple sans fête

Gaza, un peuple sans fête

Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste

Dans l’enfer de la Bande de Gaza, les populations occupées et pilonnée en continu par l’armée israélienne n’ont même pas le droit de faire leur devoir religieux. Sous les décombres, dans les ruines de villes entières réduites à néant, il n’y a plus un seul mouton à sacrifier pour tout un peuple.

 

Depuis octobre 2023, Gaza est une zone coupée du reste du monde et sous blocus israélien. Plus de vivres qui transitent, plus de provisions, plus de produits qui circulent même sous le manteau d’une ruine à l’autre. «La réalité est telle que les gens se cachent tout le temps. C’est une zone de guerre atroce et un terrain miné pour tous ici dans les quartiers en ruine de Gaza. Les gens vivent sous les ruines et n’espèrent plus », comme l’affirme cette infirmière dans une vidéo amateur, diffusée sur les réseaux sociaux.

Quand on n’a même pas un bout de pain et une goutte d’eau à boire, comment penser à la fête ! Entre barricades, avec des régions entières décrétées zones interdites, entrer les soldats de Tsahal qui patrouillent à pied, en bandes, dans des blindés ou à bord de véhicules lourdement armés, les survivants de Gaza se cachent et tentent par tous les moyens d’échapper aux balles et aux tirs israéliens. Les uns comme les autres tentent de trouver des coins plus ou moins abrités pour échapper aux viseurs des snipers. Pour les enfants, le cœur n’est pas à la fête. Ils prennent ce jour de fête pour rendre hommage aux âmes de leurs défunts, qui sont des dizaines de milliers tombés sous les balles de l’occupant israélien. Pour de nombreux médecins qui tentent, malgré le grand danger de mort qui pèse sur leur tête, d’aider les blessés et de sauver ce qui peut encore l’être, : «Les survivants n’ont le cœur à rien. Ici dans les camps, c’est la peur qui règne. La peur, la faim et le désespoir. Le pire est de voir des personnes baisser les bras et ne plus avoir la force de résister face à l’écrasement des armées israéliennes », insiste cet homme qui côtoie les morts en ne voit plus les rares vivants qu’une fois blessés, ajoute-t-il devant le smartphone d’un collègue médecin qui documente leur courage au milieu des champs de la mort.

 

Dans cet enfer, sans manger, sans boire, sans dormir de peur d’être bombardé dans son sommeil, la fête du sacrifice du mouton n’est plus qu’un lointain souvenir. Le cœur est à la douleur et au recueillement sur les morts, car dans chaque famille, manquent des personnes : un père, une mère, un frère, une sœur, un cousin, une tante, un oncle : «il ne nous reste que la solidarité face à la mort, dit ce jeune volontaire qui achemine du pain d’une ruine à l’autre, filmé par un compagnon d’infortune.

Nous évitons les regroupements pour ne pas être des cibles de tirs groupés, comme cela a été le cas de très nombreuses fois. Alors, on survit caché et on s’entraide avec le peu que nous avons». Et les aides alimentaires dans tout cela, surtout pour un jour de fête ? «Si nous n’avons même pas reçu une petite bouteille d’eau en quatre mois, comment espérer sacrifier un mouton entre nous et rendre hommage à nos martyrs», dit cette jeune gazaouie qui a enterré presque la totalité de sa famille depuis le début du génocide à Gaza.

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