Est-ce le début d’une solution pour la Syrie qui vit dans le chaos depuis plus d’une décennie ? Est-ce enfin l’amorce d’un hypothétique dialogue entre tous les belligérants sur le sol syrien pour cesser la guerre et reconstruire ce pays détruit à 90% ?
Si c’est trop tôt de se prononcer sur l’avenir incertain d’un pays en ruines, le retour de la Syrie au sein de la Ligue arabe revêt plusieurs symboliques.
«Chaque étape de la crise syrienne a prouvé qu’il n’y a pas de solution militaire et qu’il n’y a ni vainqueur ni vaincu», précise le ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Choukri, à l’ouverture de la réunion d’urgence au Caire, qui s’est tenue le 7 mai 2023.
Pour tous les responsables arabes présents au Caire, les choses sont limpides: «La seule voie vers un règlement en Syrie est une solution politique sans diktats extérieurs».
C’est dans ce sens qu’il faut interpréter le retour de la Syrie au sein de la famille arabe divisée. C’est en réintégrant Damas que les différentes parties prenantes œuvrant à trouver une issue à cette guerre, dont les répercussions sécuritaires, humanitaires et politiques affectent les pays voisins (réfugiés syriens, menace terroriste), peuvent poser les bases d’un compromis politique et militaire fiable et viable pour tous.
Parce que la particularité de ce conflit syrien est qu’il implique plusieurs armées, plusieurs groupes paramilitaires, plusieurs bailleurs de fonds, plusieurs fournisseurs et des intérêts diamétralement opposés.
Comment trouver une base de dialogue quand on ne sait pas avec qui négocier et dialoguer ? C’est cette inconnue qui se pose aujourd’hui face aux pays arabes, enfin décidés de se pencher sur la question syrienne après avoir laissé la situation pourrir durant plus de dix ans, assistant à la chute d’un des États arabes les plus prospères et les plus solides d’antan.
Aujourd’hui, comme l’Irak, la Syrie est un pays dévasté et en ruines. Un pays qui mettra des décennies pour se relever.
Aujourd’hui, ce retour qui survient après la reprise des amitiés et des amabilités entre l’Arabie Saoudite et l’Iran, n’est pas du goût de tout le monde dans la région. Sans évoquer Israël, premier bénéficiaire du chaos syrien, le Liban n’est pas tranquille, sans oublier les autres pays du Golfe qui voient cette réintégration comme une victoire de Riyad qui assoit de plus en plus ses assises dans la région.
Ceci n’est pas non plus du goût des Européens qui continuent de jouer les arbitres commentateurs : «La position de l’Union européenne n’est pas dogmatique, elle est consensuelle : sans concession du régime Assad, tant que le régime n’arrête pas l’oppression et la persécution des Syriens, tant que le régime Assad n’avance pas sur le processus de paix dans le cadre fixé par l’ONU, la position de l’UE sur la Syrie ne change pas. Cela signifie : pas de normalisation des relations, pas de reconstruction sans normalisation, pas de levée des sanctions tant qu’il n’y a pas de solution politique respectant les résolutions des Nations unies», précise Peter Stano, porte-parole de Josep Borrell, le chef de la diplomatie européenne.
Quoiqu’il en soit, la situation demeure très grave dans une Syrie livrée à toutes les catastrophes et devenue le terrain de jeu favori des mercenaires. Comment se dessine l’avenir de Damas ? Impossible à prédire.
Abdelhak Najib, Écrivain-journaliste