L’Algérie multiplie les tensions diplomatiques avec ses partenaires traditionnels. Après avoir rompu unilatéralement son partenariat énergétique avec l’Espagne en 2022, Alger s’attaque désormais à la France.
Dans un communiqué officiel, publié le 28 janvier 2025, le ministère algérien des Affaires étrangères a exprimé sa «profonde préoccupation» face aux «traitements provocateurs, dégradants et discriminatoires» infligés à des ressortissants algériens par la police aux frontières françaises.
Cette déclaration marque un nouvel épisode des relations conflictuelles entre Alger et ses alliés historiques. Alors que le pays s’enfonce dans une crise économique et sociale, ses dirigeants semblent opérer un virage diplomatique périlleux, s’aliénant des partenaires-clés sur lesquels il comptait jusqu’ici.
Un nouvel affrontement avec Paris.
Dans son communiqué, l’Algérie affirme avoir convoqué l’ambassadeur de France à Alger pour lui faire part de sa protestation officielle. Le gouvernement algérien exige des explications et demande «des mesures urgentes» pour mettre fin aux pratiques qu’il juge «inacceptables et déshonorantes».
Cet incident survient alors que les relations franco-algériennes traversent déjà une phase délicate. Rappelons qu’en 2021, le président Emmanuel Macron avait provoqué la colère d’Alger en décrivant le régime algérien de «système politico-militaire usé», une déclaration qui a remis en cause la légitimité du pouvoir en place.
La crise des visas avait ensuite envenimé la situation, avec une réduction drastique des délivrances de visas français pour les Algériens, une mesure également appliquée au Maroc et à la Tunisie. Mais Alger, comme à son habitude, la perçue comme une offense personnelle.
Cette nouvelle montée de tension interroge sur les véritables intentions du régime algérien. Après avoir mis fin brutalement à son alliance avec l’Espagne, Alger semble désormais prendre le même chemin avec Paris.
Un isolement qui se confirme
Loin d’être un incident isolé, cet épisode s’inscrit dans une dynamique plus large de ruptures diplomatiques orchestrées par Alger. Ces dernières années, l’Algérie a adopté une posture de confrontation systématique avec plusieurs partenaires stratégiques.
•Avec le Maroc, la rupture diplomatique a été officialisée en août 2021, suivie de la fermeture de l’espace aérien algérien aux avions marocains.
•Avec l’Espagne, Alger a gelé son traité d’amitié en 2022 après la reconnaissance par Madrid du plan d’autonomie pour le Sahara marocain, suspendant également ses exportations de gaz vers le pays ibérique.
•Avec l’Union européenne, plusieurs différends commerciaux ont compliqué les relations, notamment sur les questions énergétiques et migratoires.
Cette tendance à la rupture systématique place Alger dans une situation de plus en plus isolée sur la scène internationale. Plutôt que de renforcer ses liens avec ses partenaires européens, Alger préfère se tourner vers Moscou et Pékin, au risque de creuser davantage son isolement sur la scène internationale.
Une stratégie de diversion face aux crises internes ?
Ces tensions diplomatiques successives coïncident avec une situation intérieure préoccupante en Algérie. La crise économique persiste, avec une inflation galopante et une forte pression sociale. En effet, le mécontentement populaire prend de l’ampleur, nourri par un manque de perspectives économiques pour la jeunesse et une répression accrue de l’opposition.
Il semble qu’Alger cherche à mobiliser l’opinion publique autour d’un discours nationaliste et détourner l’attention des difficultés internes. La dénonciation des «humiliations françaises» pourrait ainsi servir à resserrer les rangs autour du régime et éviter que la colère populaire ne se dirige vers les autorités locales.
Si cette posture agressive peut permettre de gagner du temps politiquement, elle risque d’avoir des conséquences lourdes à long terme. Face aux bouleversements géopolitiques et aux tensions économiques, Alger s’enfonce dans un isolement qui pourrait lui coûter cher. La suite dépendra de la capacité du régime à ajuster sa diplomatie ou à persister dans cette escalade aux conséquences incertaines.