La grève des salariés du Groupe ADP, gestionnaire des aéroports parisiens de Roissy-Charles-de-Gaulle et Orly, a entraîné vendredi des retards de vols, tandis qu'une réunion de négociation a débuté en fin de matinée entre syndicats et direction.
Trois syndicats - Unsa, CGT et CFE-CGC - appellent à la grève jusqu'à lundi, englobant le premier week-end des grands départs en vacances. Ils réclament le retrait d'un plan d'adaptation des contrats de travail (PACT), qui prévoit une baisse ou une suppression de primes. En cas de refus, les salariés risquent un licenciement.
En début d'après-midi à Roissy, les vols étaient retardés d'environ 45 minutes "en moyenne sur tous les terminaux", a précisé à l'AFP la direction d'ADP. À Orly, il y avait "une quinzaine de minutes de retard en moyenne", a ajouté la direction.
Les négociations "ont repris" vendredi matin "entre la direction du Groupe ADP et les syndicats, sur proposition de la direction", selon cette dernière.
"On verra les propositions de la direction", mais "ça commence à chauffer", a déclaré à l'AFP Laurent Garssine, secrétaire général de l'Unsa chez ADP. Son syndicat était le seul à avoir appelé à la grève dès jeudi, entraînant ce jour-là des retards de 15 minutes en moyenne dans les deux aéroports. L'Unsa a déjà déposé un nouveau préavis de grève pour le 9 juillet.
À Roissy vendredi matin, avec jets de confettis et fumigènes, des salariés ont manifesté au terminal 2E, bloquant l'accès des voyageurs aux postes de contrôle aux frontières, a constaté une journaliste de l'AFP. Ce blocage a pris fin en début d'après-midi.
Les passagers ont été orientés vers d'autres terminaux mais certains ont raté leur avion à cause d'un manque de personnel pour les contrôles, a indiqué à l'AFP une source aéroportuaire, évaluant à 500 personnes le nombre de manifestants.
Sur des pancartes brandies par les salariés figurait le portrait du PDG d'ADP, Augustin de Romanet, grimé en glouton avec le slogan "Ne cherchez plus vos salaires, je les ai mangés" ou encore "De Romanet: 450.000 euros/an et moi viré".
À Orly, 250 personnes ont manifesté "à l'extérieur" de l'aérogare et un petit groupe à l'intérieur, d'après la source aéroportuaire. Selon M. Garssine, "entre 300 et 400 personnes" ont défilé hors de l'aéroport et certains sont "entrés trente minutes dans le terminal 3". Des manifestants ont été "gazés" par les forces de l'ordre, a-t-il protesté.
"Nous refusons le projet PACT (...) On bloque à regret", a souligné auprès de l'AFP à Roissy Luis Mendes, délégué Unsa. "On comprend la difficulté du secteur aérien, qui est uniquement due à la crise sanitaire (du Covid-19). On est prêt à faire des efforts conjoncturels", mais "pas structurels et définitifs. La direction se sert de la crise pour nous faire perdre définitivement nos acquis", a-t-il accusé.
Le PDG "a osé prétendre devant la presse que les salariés d'ADP sont rémunérés plus de 4.000 (euros) brut, ce qui est absolument faux", a-t-il dénoncé. D'après les syndicats, le PACT entraînera jusqu'à 20% de perte de rémunération pour certains salariés. M. de Romanet affirme lui que "88%" des salariés "ne perdront pas plus de 4%".
La direction assure que le PACT est nécessaire pour réaliser des économies, alors que la pandémie a plombé l'activité d'ADP, majoritairement détenu par l'État. Même si le trafic aérien reprend de la vigueur à Roissy et Orly avec les départs en vacances, il reste très inférieur à son niveau d'avant-crise, avec 100.000 passagers par jour contre 200.000 précédemment.
Face à cette crise, ADP a signé en décembre avec les syndicats un accord de rupture conventionnelle collective (RCC) prévoyant 1.150 départs de salariés en 2021, dont 700 non remplacés.
"Il fallait qu'ADP réagisse (...) ADP, quand on le compare avec les autres aéroports européens, va supprimer deux fois moins d'emplois", a déclaré sur RTL le ministre délégué aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, en disant avoir "toute confiance en la direction" du groupe.