C’est l’autre guerre camouflée du Moyen-Orient et de l’Arabie. Avec ce qui se passe en Irak, depuis plus de 21 ans, avec la Syrie qui a sombré dans le chaos depuis 13 ans, le Yémen subit des attaques et des frappes aériennes continues depuis 2013.
Le pays le plus pauvre dans la région est divisé en deux, alors qu’il était l’un des pays les plus stables de toute l’Arabie, durant de longues années.
Il y a, d’un côté, les zones contrôlées par les Houthis, un ensemble de milices proches de l'Iran; de l’autre, des zones aux mains des forces pro-gouvernementales, appuyées par une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite.
Une guerre de l’ombre, qui a déjà fait plus de 400.000 morts, avec une crise humanitaire extrême, entre famine, soif et réfugiés dont le nombre de camps dépasse les 137 camps. Sans parler du choléra qui fait des ravages terribles dans un pays sous embargo et verrouillé de toutes parts.
Le conflit, passé sous silence par les médias, a pris une autre dimension depuis le 7 octobre 2023, après le début de la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.
C’est à ce moment précis que les Houthis, qui sont membres de l'"axe de la résistance" à Israël formé par l’Iran, ont commencé par lancer des attaques de missiles et de drones contre Israël en novembre 2023.
En mer Rouge, les milices yéménites ont également lancé des attaques contre les navires qu'ils estiment liés à Israël.
La situation est telle qu’en décembre 2023, Washington met en place une coalition navale chargée de contrer ces attaques et commence, à partir de janvier 2024, à frapper les sites des rebelles, parfois avec l’appui du Royaume-Uni.
L’objectif à terme pour les États-Unis et pour Israël est de sécuriser la route maritime qui passe par les côtes du Yémen vers l’Océan indien et l’Océan pacifique.
Une voie déjà rendue très impraticable avec les vagues de piraterie des milices somaliennes, auxquelles se sont ajoutés les activistes yéménites qui ont gravement perturbé la navigation commerciale dans ce détroit stratégique qui fait le pont entre la Mer rouge et le reste de l’Asie. Dans ce sens, Washington et Tel-Aviv mettent les bouchées doubles pour intensifier les bombardements au Yémen afin de sécuriser le détroit et escorter les navires de marchandises israéliens.
Abdelhak Najib, Écrivain-journaliste