Les attaques sur le Liban, depuis le 23 septembre 2024, montrent à quel point l’armée israélienne est en perte de vitesse à Gaza dont l’opération, lancée le 7 octobre 2023 et baptisée «Guerre de l'épée de fer» s’est enlisée dans une guerre ouverte, un conflit d’usure, qui s’est installé dans la durée, montrant toutes les limites de Tsahal d’opérer des frappes militaires éclairs pour faire face à Hamas, malgré les 42.000 morts et la destruction quasi-totale de toute la bande de Gaza.
Depuis une semaine, la thèse avancée par Tel-Aviv est la suivante : il faut écraser le Hezbollah au Nord comme on écrase le Hamas au Sud. Avec, à terme, un résultat : réussir à installer une politique militaire dissuasive autour des frontières israéliennes avec le Liban, la Palestine, la Jordanie et l’Égypte.
C’est ce qui ressort des analyses de plusieurs observateurs et spécialistes, qui font tous état de l’échec de la stratégie militaire d’Israël, comme c’est le cas pour le géopolitologue Frédéric Encel, qui avance que «Sur le long terme, ce qu'Israël essaie de faire, c'est de réimposer sa crédibilité dissuasive. C'est ça finalement qu'Israël cherche depuis le 7 octobre».
Sans y parvenir, malgré les gros budgets investis dans une guerre qui est devenue une guerre d’usure pour Tsahal dont les hauts gradés ont décidé d’ouvrir un autre front au Nord pour faire écran de fumée sur le bourbier à Gaza, qui, malgré les effets d’annonce de l’administration Netanyahu, divise les Israéliens, coûte très cher au budget de l’État hébreu et mobilise une économie de guerre qu’Israël ne peut tenir à long terme.
Pourtant, la stratégie du pire fonctionne toujours. Elle a pour effet de changer le curseur d’une région à l’autre. De l’autre, de montrer aux populations israéliennes que les dangers sont multiples et que Israël est pris en étau entre plusieurs ennemis, du Nord au Sud. Ce qui semble marcher, puisque les frappes continuent au Liban et le premier ministre israélien a promis l’enfer au Sud Liban en appelant ses troupes à intensifier les bombardements.
Ceci d’un côté. D’un autre, il faut savoir que Tel-Aviv a d’autres visées en attaquant le Liban. Le plan est clair. Il s’agit pour l’État hébreu de chasser les Libanais de toute la zone tampon avec Israël, comme c’est le cas à Gaza.
Ce qui fait dire à Michael Young, analyste au Centre Carnegie de Beyrouth, que les frappes israéliennes visent à vider cette future zone tampon de sa population. «L'objectif d'Israël est de frapper fort le Hezbollah et la communauté chiite, obligeant l'organisation à faire des concessions et reculer ses troupes au nord de la rivière Litani».
Un objectif déclaré depuis 2006 et que Netanyahu veut, à tout prix, mettre à exécution, quitte à raser tout le Sud Liban, dans une guerre ouverte, avec des troupes au sol, comme le prédisent plusieurs analystes.
Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste