Les faits sont têtus. Quoi que l’on fasse, ils s’imposent. Et même dissimulé, oblitéré, caché derrière un voile opaque de mensonges, un fait reste un fait.
Pourtant, malgré l’évidence de la tragédie humaine qui se joue devant les yeux du monde en Palestine, sous occupation israélienne, depuis 1948, avec des escalades continues d’agressions et de violations de toutes les lois internationales, l’écrasante majorité des médias occidentaux s’appliquent religieusement à déformer toutes les réalités de ce génocide en bonne et due forme perpétré par l’État d’Israël contre le peuple palestinien.
Chaînes de télévision, journaux, magazines, radios, réseaux sociaux, plateformes dédiées, débats, interviews, émissions spéciales, les «journalistes» donnent dans la propagande pro-israélienne, de manière ouverte, ostentatoire, clairement assumée sommant leurs invités de condamner la résistance palestinienne, sous peine de ne plus avoir voix au chapitre.
Un traitement de l’information qui fait fi de toutes les règles de déontologie telles que nous les connaissons dans ce métier de journaliste. On s’acharne sur tous les invités qui ne montrent pas leur soutien à l’armée israélienne. On intimide tous ceux qui avancent des données ne souffrant aucune ombre sur cette épuration ethnique qui dure depuis 75. On stigmatise tous ceux qui refusent de travestir leurs opinions pour satisfaire les médias qui veulent, à tout prix, inverser les faits, qui veulent les fausser en colportant des mensonges flagrants en toute impunité.
Exemple simple : devant la mort de plus de 500 personnes après le bombardement de l’hôpital de Gaza, les journalistes, comme s’ils s’étaient donné le mot, ont éludé ce crime contre l’humanité et matraquent leurs invités, en boucle, faisant la sourde oreille à tout ce qui n’est pas une réponse par oui ou par non à une seule question : est-ce que vous condamnez les attaques du Hamas ? 500 civils massacrés et on doit, coûte que coûte, dire d’abord et avant tout, qu’Israël est victime. Sinon, dégage, vide le plateau, va voir ailleurs. Et ailleurs, c’est le même modus operandi. D’abord, tu dis que tu es du côté des criminels, ensuite, on peut parler.
Ce n’est pas là du journalisme. Loin s’en faut. Ce n’est pas là le métier que nous avons appris à pratiquer. Un journaliste, quoi qu’il fasse, doit être du côté de la vérité. Autrement, il doit changer de métier et aller travailler avec les services de renseignement.
Le journaliste ne connaît qu’une seule obligation : celle de donner les faits, rien que les faits et de veiller à leur véracité. A regarder ces hommes et ces femmes agresser leurs invités en leur imposant des pratiques dignes des barbouzes, on est choqué de voir que ces «commis-journalistes» sont si fragiles, sans principes, sans convictions, sans valeurs humaines, se bradent à la solde de régimes totalitaires sous les oripeaux d’une démocratie mensongère.
Comment est-il envisageable pour un journaliste, digne de ce nom, de voir la vérité en face et de la maquiller, de la transformer en un pur mensonge ! Comment peut-on, face à un génocide, affirmer sans honte, que c’est l’occupant qui est victime et que les populations qui meurent par milliers sont les criminels !
Comment peut-on cautionner le meurtre, l’assassinat, l’épuration ethnique, l’apartheid, le génocide, en connaissance de cause, face aux faits, aux chiffres, face aux images flagrantes ! Malgré l’horreur, les médias occidentaux semblent s’en accommoder donnant dans la falsification des évidences. Au crime contre l’humanité qui se déroule devant nos yeux s’ajoute la complicité de médias à la botte de gouvernements occidentaux aveuglés par leur haine des Arabes et de l’Islam dont ils ont fait des cibles désignées.
Et ce, en s’appuyant sur des campagnes de désinformation à coup de milliards de dollars faisant des Arabes et des musulmans des terroristes potentiels, des ennemis de la modernité et de ce nouvel ordre mondial. Cet ordre construit sur la haine des autres, sur la volonté affichée et décomplexée de créer des dangers là où il n’y en a pas, de livrer à la vindicte publique et médiatique, à grand renfort d’images truquées, de fake news et autres montages de toutes pièces pour manipuler les opinions publiques.
Lesquelles opinions sont déjà enclines à gober tout ce que les médias leur fourguent en quantité industrielle pour semer la haine, les clivages et exacerber les racismes nourris par la peur et l’angoisse dans un Occident fatigué, moribond, sous antidépresseurs, perdant le Nord et accusant le Sud d’être la menace à éradiquer.
Dans cette configuration, on vérifie à quel point l’Occident se fourvoie volontairement. Étant engagé dans une véritable croisade contre les musulmans et les Arabes, il arrive, tel un mauvais prestidigitateur, à se faire croire que créer une coalition de plus de 50 Etats, livrant argent et armes à une Ukraine attaquée par la Russie n’est pas l’incarnation parfaite de cette politique de deux poids, deux mesures en vigueur en Occident depuis toujours quand il s’agit du monde arabe et musulman. Autrement dit, dans le cas de l’Ukraine, il s’agit bel et bien d’une agression et d’une invasion de la part de la Russie.
Dans le cas de la Palestine, c’est Israël qui se défend. Mais contre qui ? Contre des populations pauvres, livrées à elles-mêmes, sans moyens, sans aides, sans soutien ! Non seulement nous sommes face à une occupation, mais ce sont les forces d’occupation que l’Occident aide pour en finir avec les populations occupées. Cette stratégie du pire n’est valable que quand il s’agit des Arabes et des musulmans.
C’est le cas de la Syrie, de la Libye, du Yémen, de l’Irak, des États effondrés par les forces occidentales et leurs armées. C’est également le cas de l’Afghanistan, une nation qui n’a jamais connu un jour de paix depuis des siècles, envahie par les États-Unis d’Amérique tout comme l’Irak, et abandonné, après vingt ans, en ruines et décombres, sans pouvoir central, sans administration, sans État. C’est cela la stratégie du pourrissement pensée, conçue et appliquée par les Occidentaux pour détruire le monde arabe et musulman : fomenter des guerres civiles, en finir avec les régimes en place, financer les dissidences et fragiliser davantage tout un Moyen- Orient, déjà dévasté.
À terme, cela donnera à Israël tous les moyens pour jouer le gendarme du monde arabe, tel un épouvantail téléguidé par Washington et l’Union européenne pour occuper tous les autres États arabes de la région, avec l’Iran en ligne de mire. La stratégie est en place et le rouleau compresseur en marche. Le reste, c'est de l’histoire.
Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste