Les leaders des partis de l'opposition en Mauritanie ont organisé, mardi soir, un sit-in devant le siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) pour protester contre le retard observé dans la proclamation des résultats définitifs des élections législatives, municipales et régionales, dont le premier tour s'est déroulé samedi.
"Quatre jours après le déroulement de ce scrutin, les résultats n'ont pas encore été proclamés", a déploré, dans des déclarations à la presse, Mohamed Ould Mouloud, président en exercice du Forum National pour la démocratie et l'unité (FNDU), le plus grand rassemblement de l’opposition en Mauritanie.
Il a appelé à l'ouverture d'une enquête et la prise des mesures qui s'imposent pour remédier à cette situation.
Pour sa part, le candidat du Forum pour la présidence du conseil régional de Nouakchott, Mohamed Jemil Ould, indique que 15 leaders de l’opposition sont allés à la rencontre du président de la CENI pour dénoncer "les fraudes et tentatives de manipulations des chiffres au profit du parti au pouvoir et l’intrusion de l’administration dans le processus électoral".
Réagissant à ces accusations, le président de la CENI, Mohamed Vall Ould Bellal a souligné que la commission, au niveau central, départemental et régional, se situe à égale distance entre l’ensemble des partis en compétition.
"Il est fallacieux de dire que la CENI est instrumentalisée par tel ou tel parti politique. Il n’y a aucune preuve qui peut être avancée sur cela", a-t-il insisté.
S'expliquant sur le retard observé dans la proclamation des résultats, il s'est interrogé :"Comment voulez-vous qu’avec les 98 listes en compétition, les cinq scrutins combinés, nous puissions traiter l’ensemble des procès-verbaux et rendre des résultats en trois ou quatre jours ?".
"Donnez-nous plus le temps", a-t-il demandé, relevant que le retard des résultats est relatif aussi à d'autres paramètres, dont le nombre de bulletins, la surabondance de candidatures, le facteur temps dans lequel les scrutins sont organisés et les 4.080 bureaux de vote.
Quelque 98 partis politiques, qui ont essayé, deux semaines durant la campagne électorale, de s’assurer les voix des électeurs, ont pris part à ces scrutins qui se poursuivront jusqu'au 15 septembre.
Un total de 1.559 listes pour les municipales, 161 pour les régionales, 528 pour les législatives, une départementale, 97 nationales et 87 listes réservées aux femmes se présentent à ces élections, les premières dans le pays depuis l’amendement de la Constitution, opéré en août 2017 à travers un référendum.
Ce scrutin, qui a validé, entre autres, une disposition consistant à supprimer le Sénat et à le remplacer par des conseils régionaux au niveau de chaque province, est également marqué par la participation de tout le spectre politique dans le pays, y compris l’ensemble des partis d’opposition.
Le scrutin, dont les premiers résultats sont attendus en début de semaine prochaine, constitue un test pour le gouvernement du président Mohamed Ould Abdel Aziz à moins d'un an de la présidentielle de la mi-2019.■