Les autorités mexicaines ont annoncé vendredi avoir renoncé à arrêter le fils du baron de la drogue Joaquin El "Chapo" Guzman au cours d'une "opération mal préparée".
L'opération d'arrestation a débouché sur une explosion de violences à Culiacan, la capitale de l'Etat de Sinaloa (nord-ouest du Mexique), fief d'"El Chapo", qui se trouve derrière les barreaux aux Etats-Unis.
Le président Andrès Manuel Lopez Obrador ainsi que les membres du cabinet de sécurité ont reconnu l'échec de l'opération qui a transformé la ville de 750.000 habitants en champ de bataille.
"Cette opération a été mal préparée", a déclaré aux journalistes le ministre mexicain de la Défense, Luis Crescencui Sandoval, soulignant qu'il avait été décidé de ne pas arrêter Ovidio, l'un des neufs enfants d'"El Chapo".
"Nos hommes sur place ont agi de manière précipitée, n'ont pas attendu l'ordre de perquisitionner et ont commencé à essuyer des coups de feu", a précisé Sandoval.
"Ils ont improvisé, sans mesurer les conséquences de leur action, dans l'espoir d'obtenir un résultat positif", a-t-il ajouté.
Au cours de la même conférence de presse à Culiacan, le secrétaire d'Etat à la Sécurité, Alfonso Durazno, a pour sa part souligné que des groupes en armes sillonnaient le secteur jeudi soir lorsqu'ils sont tombés sur des membres de la Garde nationale et des militaires venus arrêter Ovidio et trois de ses proches.
Rafales de mitrailleuses lourdes, tirs de lance-roquettes anti-char, explosions de véhicules : les affrontements ont duré plus de six heures, contraignant la population à se terrer chez elle et les forces de sécurité à se replier précipitamment.
Il a précisé que celles-ci n'avaient "pas reçu à temps le mandat de perquisition" et ont "reçu l'ordre de se replier hors de l'immeuble" où se trouvait Ovidio Guzman.
Le président Lopez Obrador a de son côté affirmé tout son "soutien" aux forces de sécurité et à leur décision de se replier sans leur prise.
"Je soutiens les décisions qui ont été prises. La situation a mal tourné et beaucoup de civils ont été exposés à de grands risques", a déclaré le président.
"La capture d'un criminel ne vaut pas plus que la vie de gens", a poursuivi le chef de l'Etat lors de son point presse matinal quotidien, en refusant d'admettre, comme le dit son opposition, que sa stratégie de lutte contre les cartels s'était avérée "un échec".
Le président mexicain ne cesse de rappeler sa volonté de réduire la criminalité dans son pays, depuis son élection en décembre dernier, mais sans grand résultat concret, selon l'opposition.