«(…) L’intérêt du Royaume du Maroc pour la question migratoire n’est ni récent, ni circonstanciel. Il constitue, au contraire, un engagement ancien et volontaire qui s’exprime à travers une politique, humaniste dans sa philosophie, globale dans son contenu, pragmatique dans sa méthode et responsable dans sa démarche (…)
Notre approche, c’est de tendre avec constance vers un équilibre salutaire entre réalisme et volontarisme; entre intérêts légitimes des Etats et respect des droits humains des migrants.
La réussite nationale de cette approche – qui a toujours été la nôtre – a conduit nos frères africains à nous confier le mandat de leader de l’Union africaine sur la question migratoire. Elle a abouti à l’Agenda africain pour la migration, adopté à l’unanimité par la Conférence de l’Union africaine en janvier 2018 (…)». C’est en substance l’un des messages adressés par le Roi aux participants à la Conférence intergouvernementale sur la migration, tenue à Marrakech en décembre 2018.
Disons-le en toute modestie : beaucoup de pays ne peuvent se prévaloir de respecter les droits des migrants. Bien au contraire, en lieu et place d’une politique migratoire humaniste, c’est la persécution et les brimades, sur fond de xénophobie et de racisme. Et il ne faut pas aller loin pour trouver des exemples. En Tunisie, les propos inacceptables tenus en février dernier par le président Kaïs Saïed résonnent et détonnent encore (lien), à tel point que la Banque mondiale a suspendu son partenariat avec ce pays.
En Algérie, la persécution des migrants subsahariens est continuelle, presque érigée en dogme. Le 16 mars dernier, l'organisation Médecins sans frontières (MSF) dénonçait l’expulsion de milliers de migrants par l'Algérie et abandonnés dans le désert du Niger. «Entre le 11 janvier et le 3 mars 2023, 4.677 personnes en situation de migration sont arrivées à pied à Assamaka», ville de la région d'Agadez, située dans le nord du Niger, déplore MSF. Abandonnés dans le désert sans eau ni nourriture, sans abri, sans soins, complètement démunis, leur rêve d’une vie meilleure s’est transformé en cauchemar.
«Entre le 24 et le 26 mars, 1.277 migrants ont été expulsés par les autorités algériennes dans le désert, près de la frontière nigérienne. Les exilés, abandonnés au milieu de nulle part, sans eau ni nourriture, ont dû marcher 15 km pour rejoindre le premier village nigérien, Assamaka», renseigne de son côté le site infomigrants.net.
En février, l’ONG Alarm Phone Sahara alertait déjà, à travers un tweet, sur le refoulement de près de 900 migrants subsahariens. Femmes, enfants, hommes, personne n’est épargné.
Tout cela n’est cependant guère étonnant. Car l’Algérie est une récidiviste. Elle est habituée à infliger ce genre de traitement inhumain aux migrants, avec un modus operandi bien huilé : rafles, prison, puis conduite à la frontière algéro-nigérienne.
Rappelons qu’il y a quelques années, ce pays avait organisé une vaste opération d'expulsion de migrants subsahariens, «dans un contexte de violence et de brutalité qui choque la conscience universelle», dénonçait une coalition d’ONG africaines actives à Genève. Des centaines de migrants arrêtés arbitrairement avaient été abandonnés en plein désert dans la zone frontalière au sud du pays pour les inciter à quitter le territoire.
Et si l’Algérie poursuit ses exactions envers les Subsahariens jusqu’à présent, c’est à cause de l’impunité. Malgré les cris d’orfraie lancés par les ONG, la communauté internationale ne réagit pas et reste spectatrice du drame humain qui se joue devant. Voilà un sujet qui devrait occuper et préoccuper ces chers députés du Parlement européen qui s’acharnent sur le Maroc. N’est-ce pas ?
Pour finir, il est utile de rappeler, de temps à autre, qu’«un migrant n’est pas plus ou moins humain, d’un côté ou de l’autre d’une frontière». Des propos poignants et inspirants du Roi Mohammed VI.
F. Ouriaghli