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Poutine, le rêve du Tsar

Poutine, le rêve du Tsar

L’ancien agent du KGB restera dans l’histoire comme l’homme qui a le plus gouverné cet immense territoire qui va de l’Europe aux confins de l’Asie

 

Le président de la fédération de Russie, Vladimir Poutine, va bientôt dépasser la longévité au pouvoir de Joseph Staline. Un maintien à la tête du Kremlin qui porte plusieurs symboles. D’abord, l’ancien agent du KGB restera dans l’histoire comme l’homme qui a le plus gouverné cet immense territoire qui va de l’Europe aux confins de l’Asie, avec des peuples différents, des ethnies variées et des cultures nombreuses qui vont de la Sibérie à l’Oural et de la Baltique à la Mer noire.

Ensuite, cela donne au maître de l’armée rouge une légitimité historique qui conforte ses visées hégémoniques qui vont au-delà de l’Ukraine, qui n’est que la première étape d’une vision plus vaste et plus géostratégique.
 
Vladimir Poutine le dit haut et fort à toutes les occasions, depuis son avènement au trône de la «Sainte Russie». Il le répète comme un leitmotiv : le président russe n’a jamais accepté le démantèlement et la chute de l’URSS. Un déclin qu’il qualifie à chaque sortie de la «plus grande catastrophe géopolitique et géostratégique de l’histoire de la Russie». Dans cette démarche, Vladimir Poutine a promis aux Russes de reconstruire la «grande Russie», coûte que coûte, même en déclenchant un conflit militaire mondial allant jusqu’à brandir la menace nucléaire comme arme ultime pour la solution finale à la russe.

Cette vision a déjà plusieurs ancrages territoriaux et géographiques clairs. Avec des pays vassaux comme la Biélorussie, comme la Tchétchénie, comme le Kazakhstan, comme l’Ossétie du Sud, comme l’Abkhazie, comme la Géorgie réduite au silence et marchant au pas, comme d’autres pays gaziers de la Mer Caspienne tels que l’Azerbaïdjan et l’Ouzbékistan et d’autres régimes totalitaires de l’Asie Centrale, avec l’annexion de la Crimée et de l’ensemble du territoire ukrainien, il reste les pays baltes, la Lituanie, la Lettonie et l’Estonie, qui font, depuis leur indépendance dans les années 90 du siècle dernier, l’objet de menaces et d’attaques cybernétiques à répétition à la fois pour les intimider et pour nourrir la propagande russe qui appelle au retour de ces trois pays indépendants sous la coupe du Kremlin.
 
La carte dessinée par le Kremlin ne souffre d’aucune ombre. Et elle ne date pas de 2022, mais de 2007, l’année où Vladimir Poutine a déclaré devant les puissances européennes à Munich, qu’ils vont regretter leur arrogance et le fait d’avoir voulu mettre à l’écart la Russie. Depuis cette date, le projet dont Vladimir Poutine ne se cache pas du tout, le rappelant à chaque meeting politique remettant sur la table cette erreur fatale signée Gorbatchev nommée Perestroïka et l’implosion de l’Union Soviétique sous le chaotique mandat de Boris Eltsine, deux présidents que l’ex-agent du KGB traite de faibles et de traîtres à l’âme de la nation russe.

Aujourd’hui, après plus de trois semaines de l’invasion de l’Ukraine, avec le siège de la capitale Kiev qui se précise chaque jour davantage, dans un équilibre des forces criard, c’est cette même logique qui fait dire à Vladimir Poutine que le territoire ukrainien fait partie intégrante de la mère patrie russe et qu’il est légitime, selon lui, de rectifier les erreurs de l’histoire en rétablissant l’ordre selon le Kremlin. Avec cette grande stratégie qui ne peut concevoir la Russie qu’à travers une vision géopolitique articulée autour de trois axes principaux : le territoire occidental, qui va de la Baltique aux Carpates, le territoire méridional, qui s’étend du Danube aux montagnes de Perse et le territoire oriental qui va de la Volga à l’Altaï.

Cette reconstitution de l’empire soviétique marquera, toujours selon Vladimir Poutine, la mise sur pied du plus grand pôle économique et militaire de l’Eurasie. Avec bien entendu la Chine comme co-puissance régionale et comme allié inconditionnel. Ce qui explique l’abstention, prévisible du reste, de Pékin lors du vote au Conseil de sécurité de l’ONU, le 25 février 2022, un retrait auquel s’ajoute celui de l’Inde, qui s’aligne aujourd’hui sur le clan le plus fort, à savoir l’axe Moscou-Pékin. C’est dire tout le projet régional euro-asiatique qui peut devenir effectif sans l’Europe des 27 dont Moscou se passe, dans le défi.

Par Abdelhak Najib, écrivain-journaliste

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