Les contours de la course présidentielle en Mauritanie commencent à se préciser après l'annonce mercredi soir des noms des six candidats, tous des hommes, qui ont réussi à répondre aux conditions posées par le Conseil constitutionnel, en prévision de ce scrutin qui aura lieu le 22 juin prochain.
Il convient de souligner que parmi les conditions de validation des candidatures à l'élection présidentielle, figure le parrainage par les élus (maires et conseillers municipaux).
Ainsi, la loi électorale mauritanienne prévoit que tout candidat à une élection présidentielle doit recueillir la signature de 100 parrains constitués d'élus municipaux, parmi lesquels figurent au moins cinq maires.
En vertu d'un décret appelant les électeurs à élire le président de la République, publié le 16 avril dernier, le Conseil constitutionnel s’attelle à l’élaboration de la liste provisoire des candidats à la présidentielle, à laquelle tout candidat peut d’ailleurs s’opposer.
Le Conseil transmet, ensuite, la liste finale des candidats au gouvernement pour la publier au plus tard le 22 mai courant, soit 45 jours avant la date du scrutin.
Force est de souligner qu’au moment où la majorité au pouvoir, conduite par l'Union pour la République (UPR), soutient la candidature de l'ancien ministre de la Défense, le général en retraite Mohamed Ould El Ghazouani, la coalition des forces de l'opposition "radicale" a échoué à se mettre d’accord sur une candidature unique à ces élections, ce qui contraint ses partis à entamer ces échéances décisives de façon dispersée.
Le candidat Ould El Ghazouani a été le premier à avoir déposé, le 19 avril dernier, son dossier de candidature auprès du Conseil constitutionnel.
Bien que Ould El Ghazouani ait pris ses distances, lors de son discours de candidature, de toute affiliation politique, l'Union pour la République a guetté cette annonce pour "adopter" le candidat et lui affirmer son soutien.
Mieux encore, l’UPR a même présenté l'ancien ministre de la Défense comme "candidat de la majorité au pouvoir".
Le candidat jouit également du soutien de larges couches de la société et de forces politiques, dont certaines appartiennent à l'opposition, comme en atteste la tournée qui l’a conduit, le mois dernier, dans 36 districts pour expliquer le bien-fondé de sa candidature et mobiliser le soutien nécessaire.
Le deuxième candidat à déposer son dossier au Conseil constitutionnel est l’ancien Premier ministre durant deux mandats (1992-1996 et 2005-2007), Sidi Mohamed Boubacar, qui a d'abord annoncé son intention de briguer la course présidentielle en tant que candidat "indépendant", avant de se rétracter et recourir ensuite au soutien des forces d'opposition, notamment le Rassemblement national pour la réforme et le développement (Tawasoul), parti d’obédience islamiste qui a récemment pesé de tout son poids pour apporter le soutien requis à cet ancien diplomate.
Mohamed Boubacar, que de nombreux analystes considèrent comme "le candidat du changement civil", avait conclu un accord avec un certain nombre de partis d'opposition qui le soutiennent, comme il jouit aussi du soutien de certains partis séparés de la majorité présidentielle, tel le Mouvement Populaire.
L’autre candidat ayant réussi lui aussi à déposer, le 29 avril dernier, son dossier au Conseil constitutionnel, est Biram Dah Abeid, député et militant anti-esclavagiste porté par la coalition IRA-Sawab.
Autres candidatures déposées, celles de Mohamed Ould Mouloud, soutenu par la Coalition des forces du changement démocratique conduite par le Rassemblement des forces démocratiques (RFD) d’Ahmed Ould Dadah et de Mohamed El Amin El Murtaji El Wafi, cadre au ministère des Finances, qui se considère comme représentant de la jeunesse sur laquelle le pays compte pour porter la bannière du changement, de la réforme et du progrès.
Le dernier dossier de candidature à être reçu, mardi dernier, par le Secrétariat du Conseil constitutionnel est celui de Kane Hamidou Baba, porte-flambeau de la mouvance nationaliste négro-africaine, soutenu par la coalition "Vivre Ensemble".
Hamidou Baba avait déjà présenté sa candidature à l'élection présidentielle de 2009, comme il a été député de la coalition des forces démocratiques.
En attendant que le Conseil constitutionnel révèle la liste définitive des candidats à la prochaine résidentielle, l’attentisme demeure de mise, d'autant plus que ces échéances représentent un tournant décisif dans l'histoire de la Mauritanie, car elles augurent d’une alternance pacifique au pouvoir dans ce pays.
Pour rappel, la dernière élection présidentielle en Mauritanie a eu lieu en 2014, remportée par l'actuel président, Mohamed Ould Abdel Aziz, pour une deuxième et dernière mandature.■