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M23 - Kagame - Tshisekedi : La poudrière congolaise

M23 - Kagame - Tshisekedi : La poudrière congolaise

Le M23, ce groupe rebelle qui ressurgit périodiquement de l’ombre, a fini, après une offensive éclair, par s’emparer de Goma, ville de la RDC située au bord du lac Kivu, à la frontière rwandaise. En face, l’armée congolaise s’est montrée bien impuissante.

 

Le scénario de ce conflit a un air de déjà-vu. D’un côté, la RDC qui crie à l’agression, accusant le Rwanda de soutenir, voire de diriger le M23.

De l’autre, Kigali qui jure ses grands dieux que tout ceci n’est qu’un malentendu; qu’il ne fait que sécuriser ses frontières face aux rebelles hutus des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). 

Un bon prétexte, soit dit en passant, pour s’assurer un accès de facto aux mines d’or et de coltan qui regorgent dans l’est du Congo. Car ne nous y trompons pas : cette guerre, comme tant d’autres, est avant tout une affaire de ressources. D’intérêts économiques. De convoitises.

Et pendant que Goma tombe, Kinshasa s’embrase. Littéralement. Une foule en colère a pris pour cible plusieurs ambassades occidentales, notamment celles de la France, de la Belgique et des Etats-Unis, accusées de fermer les yeux sur l’implication rwandaise. L’ambassade de France a même failli partir en fumée. 

Félix Tshisekedi, le président congolais, a finalement pris la parole après plusieurs jours de silence. Loin de concéder la défaite, il a promis une "riposte vigoureuse" contre les rebelles. 

Un optimisme qui ferait presque sourire, tant l’armée congolaise semble désorganisée et dépassée par la situation. Pour l’instant, la seule riposte tangible vient des appels désespérés de Kinshasa à la communauté internationale pour sanctionner le Rwanda.

Une communauté internationale en mode «indignation molle»

Comme à chaque crise, la machine diplomatique s’est mise en branle avec un enthousiasme tout relatif. L’ONU a condamné, l’Union africaine a exhorté au dialogue et quelques millions de dollars ont été débloqués pour l’aide humanitaire. 

Mais dans l’ensemble, le monde regarde le chaos à l’Est de la RDC avec une lassitude à peine dissimulée. Après tout, cette guerre n’est qu’un épisode de plus dans une série qui dure depuis trois décennies.

Quant aux grandes puissances, elles ont d’autres chats à fouetter. Les Etats-Unis, qui ont d’excellentes relations avec Paul Kagame, se gardent bien d’accuser trop frontalement Kigali. 

L’Union européenne, elle, peine à afficher une position claire, entre condamnation de principe et realpolitik. 
Résultat : le statu quo perdure, et le M23 peut continuer son avancée avec une relative impunité.

Sauf que si la situation continue de se détériorer, la guerre pourrait s’étendre bien au-delà du Nord-Kivu. Déjà, le M23 annonce qu’il ne compte pas s’arrêter à Goma. Des incursions sont d’ores et déjà signalées dans le Sud-Kivu.

La RDC, pour sa part, pourrait chercher des alliés pour contrer l’avancée rebelle, comme notamment l’Afrique du Sud qui a déjà perdu plusieurs soldats dans les combats. Mais Paul Kagame prévient que Pretoria «n’a pas sa place» dans la région. 

En tout cas, un affrontement direct entre ces deux pays africains serait un tournant dangereux. Et pourrait surtout plonger la région des Grands Lacs, déjà instable, dans un conflit d’ampleur bien plus large.

D. W.

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