C’était prévisible. La guerre était inévitable depuis plusieurs années, malgré le fait que la Russie ait attendu le bon moment pour annexer d’autres territoires en Ukraine, ennemi de toujours et patrie d’un certain Nestor Makhno, le grand guide des paysans ukrainiens qui avait damé le pion à l’armée bolchévique de Lénine et de son acolyte Trotsky juste après ladite révolution de 1917. Un épisode noir dans les annales de l’histoire soviétique et russe.
Aujourd’hui, après l’épisode de la Crimée, Moscou préparait sa guerre pour prendre la région de Donetsk avant de marcher sur la capitale Kiev dans une démonstration de force qui montre à quel point il est toujours facile pour les grandes puissances militaires de violer toutes les lois internationales en faisant partir en fumée la souveraineté des nations comme dans un jeu vidéo où le plus cruel gagne toujours.
Aujourd’hui, les soldats de Vladimir Poutine font la loi et bombardent toute une région de l’Ukraine dont le nom signifie en ukrainien: «la limite de». Plus aucune limite ni frontière n’est épargnée par les bruits de bottes et la fumée âcre des déflagrations aux abords des grandes villes de l’Est ukrainien, dans une logique implacable de la part de l’armée russe à grand renfort de chars d’assauts et de guerres de quartiers, face à une résistance ukrainienne qui manque cruellement de moyens et d’hommes pour défendre ce qui peut encore l’être face à l’armée rouge.
En ce qui concerne les réactions de la communauté internationale, chacun y va de son commentaire et de sa menace de sanctions économiques dont se fiche Le Kremlin qui brandit la carte infaillible du gaz russe qui chauffe toute l’Europe. Dans ce sens, il est fort probable que l’Union européenne et l’OTAN vont jouer aux spectateurs face à l’agression de tout un peuple dont la première spoliation a déjà eu lieu avec l’annexion de la Crimée par Poutine.
En effet, selon la chercheuse Cécile Vaissié, le discours de Vladimir Poutine «était rempli de mensonges visibles et d'incohérences. Des questions se posent aussi sur la santé mentale de Vladimir Poutine. Il annonce cette guerre comme une opération visant à libérer la région de Lougansk et Donetsk, or les frappes ont lieu sur des territoires qui sont bien au-delà ».
Vladimir Poutine a affirmé vouloir «démilitariser et dénazifier» l'Ukraine, mais «il n'y a pas de nazis en Ukraine», a déclaré Cécile Vaissié. «Il y a eu combien d'Ukrainiens qui sont morts en luttant contre le nazisme ? Vladimir Poutine veut s'en prendre à des territoires autres que ceux de Lougansk et Donetsk », précise la chercheuse à juste titre parce que l’ensemble des justifications avancées par Le Kremlin semblent décrire des réalités sans aucune logique ni rationalité, dans un aveuglement tous azimuts qui risquent d’enflammer toute la région y compris les pays Baltes qui peuvent bénéficier du redéploiement des militaires américains en attendant d’y voir plus clair dans cette guerre qui va embraser une immense surface entre l’Europe et l’Asie, avec des conséquences graves sur l’économie mondiale et sur l’avenir de certains pays du Caucase qui s’attendent au pire de la part de Moscou dont le plan à terme est de reconstituer l’ancien empire soviétique.
Par Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste