Le Togo est au bord de l’implosion. Depuis plusieurs semaines, des milliers de Togolais, conduits par l’opposition, battent le pavé pour manifester leur mécontentement. Parmi leurs revendications, la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux. Avec effet immédiat.
Une utopie ? Vraisemblablement oui. Si l’on en croit en tout cas le parti au pouvoir, qui veut bien organiser un référendum pour faire adopter une réforme prévoyant notamment cette limitation des mandats présidentiels, mais cette mesure ne sera pas rétroactive. Conséquence : cela permettra à Faure Gnassingbé de se présenter aux scrutins de 2020 et de 2025.
Rappelons-le, Faure Gnassingbé a déjà survécu à trois élections très controversées (24 avril 2005, 4 mars 2010 et 25 avril 2015), dont l’une (2005) aura été particulièrement sanglante, un rapport d’enquête de l’ONU faisant état de 400 à 500 morts à la suite d’affrontements entre partisans de l’opposition et forces de l’ordre. En l’état, il peut donc occuper le fauteuil présidentiel jusqu’en 2025, soit 20 ans de pouvoir.
En ajoutant le règne sans partage son père, feu Gnassingbé Eyadema, au pouvoir de 1968 à sa mort en février 2005, le clan Eyadema dirige déjà le Togo depuis près de 50 ans. Et la rue togolaise semble dire ça suffit.
On ne le dira jamais assez : le mal de l’Afrique est que ses dirigeants ont la fâcheuse manie de filialiser le pouvoir. Par tous les moyens possibles. En tripatouillant la Constitution, sous le regard complice de la communauté internationale. En arrosant, avec l’argent du peuple, les intelligences rebelles. En réprimant par le sang, en toute impunité, toute forme de protestation. En confisquant un pouvoir dont ils ne sont pourtant que locataires.
Comme le disait le diplomate américain Millicent Fenwick, «les seules personnes qui devraient gouverner sont celles qui s’intéressent plus aux gens qu’au pouvoir». A méditer.
D. W.