Alors que la catastrophe humanitaire se joue en Palestine, avec l’invasion de la bande de Gaza par l’armée israélienne, la guerre en Ukraine continue, mais on en parle de moins en moins. Comme quoi, un fait de l’histoire vient toujours oblitérer l’autre, dans un écran de fumée qui brouille les cartes et la vision.
Abdelhak Najib
Écrivain-journaliste
Pourtant, dans les deux guerres, les morts se comptent par dizaines tous les jours. Pourtant, des quartiers entiers sont rasés dans l’Est de l’Ukraine. Pourtant, des milliers de réfugiés ont été obligés de fuir laissant tout derrière eux perdant maisons, terres, et surtout, ce qui faisait leur vie jusque-là. Pourtant, les Occidentaux continuent de soutenir Kiev pour affaiblir Moscou en injectant des milliards de dollars dans un conflit qui a mis l’Europe à genoux, une confrontation entre l’Est et l’Ouest qui a porté un coup fatal à l’économie mondiale, la plongeant dans une récession sans pareille.
D’ailleurs, les dernières nouvelles du front ukrainien indiquent que les Occidentaux sont déjà fatigués. L’administration américaine peine à convaincre le Congrès pour donner encore plus d’argent et d’armes à l’Ukraine. L’OTAN a même avoué ouvertement qu’il manquait de munitions et d’armes à offrir à l’armée ukrainienne ! Les troupes ukrainiennes pourraient bientôt être à court de munitions et d’équipements si les élus du camp de Donald Trump, qui pèsent de tout leur poids sur les négociations budgétaires, réussissent à couper le financement américain à Kiev, comme l’ont affirmé plusieurs observateurs.
Dans cette optique, la Maison Blanche juge que l'aide américaine durera «quelques mois» sans nouveau financement du Congrès. Ce qui revient à dire que, malgré tout ce que les médias occidentaux ont balancé sur la faiblesse de l’armée russe, ce sont finalement les bailleurs de fonds de l’Ukraine qui accusent le coup. Dans cette configuration, les forces ukrainiennes consomment une quantité de munitions largement supérieure à la production des alliés de l'Otan qui doivent augmenter, dans l’immédiat, leurs capacités, comme l’a souligné le secrétaire général de l'Alliance, Jens Stoltenberg. «Le rythme actuel d'utilisation de munitions par l'Ukraine est beaucoup plus élevé que notre rythme actuel de production», a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse à la veille d'une réunion des ministres de la défense de l'Otan. «Cela met nos industries de défense sous pression», a-t-il ajouté.
Face à cette pénurie, le président ukrainien multiplie les sorties en s’adressant via caméra à ses alliés occidentaux leur demandant plus d’armes, ou alors juste de l’argent pour renflouer les caisses, dans une posture à la fois étrange et inquiétante assimilable à des supplications de la part d’un chef d’État qui semble manifestement aux abois, surtout après les récentes fuites faisant état d’une volonté de Washington de pousser le gouvernement ukrainien à négocier avec Vladimir Poutine, lui donnant ce qu’il veut pour mettre un terme à cette guerre qui n’arrange plus personne en Occident, mais qui montre à quel point le Kremlin tire encore les ficelles dans une guerre qui n’a pas encore révélé tous ses secrets.
C’est dire que cette guerre va durer encore quelques années, installant du même coup, dans la durée, cette crise économique et financière qui touche l’ensemble du globe.