C’est de lui aussi que j’ai appris une chose fondamentale pour vivre tranquille dans ce pays : les Marocains sont tolérants, mêmes pour les choses dites «hchouma», pour peu qu’il y ait de la discrétion.
J’en ai fait ma devise quotidienne et elle me sert aujourd’hui énormément.
Ce qu’il ne m’a pas dit par contre, je l’ai appris de moi-même, au fil du temps.
Comme le jour où nous étions tous invités chez lui pour partager le couscous du vendredi.
Pendant les deux heures que nous avons passées ensemble, nous n’avons pu voir ses sœurs, et à peine avons nous aperçu la maman.
Nous étions seulement entre hommes. Je m’en suis aperçu lorsque, plus tard, mes amis me l’ont fait remarquer.
Mais ce n’était vraiment pas important.
Le plus important, c’est la bourde que j’ai commise durant le repas, par pure ignorance des coutumes marocaines.
Devant le succulent couscous, je ne me suis privé de rien : je mangeais «à la sénégalaise», mélangeant les légumes bien cuits à de gros morceaux de viande hyper tendres.
Après deux à trois bouchées, c’est mon copain de chambre qui me donna un petit coup de coude, me signifiant tout doucement en wolof (langue nationale du Sénégal) qu’il ne fallait pas que je touche à la viande.
J’ai de suite remarqué que j’étais le seul à en avoir mangé.
A la fin du repas, c’est donc le chef de famille qui se chargea de partager équitablement la viande entre tous les convives.
J’ai alors compris et me suis confondu en excuses.
Une grosse boulette qui m’a valu les moqueries de tous mes colocataires.
(A suivre)
D. W.