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Agriculture africaine : 150 milliards de dollars nécessaires pour stimuler le développement du secteur

Agriculture africaine : 150 milliards de dollars nécessaires pour stimuler le développement du secteur

- Transformer l’agriculture africaine pourrait accélérer la réalisation de près de la moitié des Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies.

- En 2022, le secteur n’a attiré que 49 milliards de dollars de financements, contre un besoin estimé à 200 milliards.

- Les agriculteurs africains reçoivent en moyenne neuf fois moins d’investissements que leurs homologues internationaux, freinant productivité et résilience.

 Le renforcement de l’agriculture africaine est l’un des leviers les plus puissants pour faire progresser le développement dans le monde, selon un nouveau rapport publié par Boston Consulting Group (BCG) en collaboration avec le Forum de Paris sur la Paix.

 Intitulé « African Agriculture for Global Sustainable Development », ce rapport montre qu’une amélioration de la productivité agricole pourrait contribuer à atteindre entre 30 % et 50 % des Objectifs de Développement Durable (ODD).

Pourtant, le secteur reste largement sous-financé : seulement 49 milliards de dollars y ont été investis en 2022, contre un besoin estimé à 200 milliards.

Au Maroc, l’agriculture demeure un pilier économique et social : elle représente environ 15 % du PIB et près de 26 % de l’emploi total. Face à une succession d’années sèches, le Royaume accélère ses efforts de résilience hydrique (dessalement, interconnexions, barrages).

 Dans ce contexte, les besoins d’importations céréalières pour 2025/26 sont estimés à près de 11 millions de tonnes, rappelant l’urgence d’investissements ciblés dans l’irrigation efficiente, la mécanisation et la qualité des intrants. L’agriculture constitue une source de subsistance essentielle pour 70 % des Africains – dont une majorité de femmes et représente environ 30 % du PIB continental.

Malgré ce rôle vital, les agriculteurs africains ne reçoivent en moyenne que 140 dollars d’investissement par an, contre 1 300 dollars en moyenne au niveau mondial.

Cette faible productivité, liée notamment au manque d’irrigation et de mécanisation, oblige le continent à importer pour plus de 27 milliards de dollars de céréales chaque année,  un montant qui pourrait atteindre 110 milliards en 2030 sans action rapide.

« Investir dans l’agriculture africaine, ce n’est pas seulement nourrir le continent. C’est transformer l’Afrique en moteur de la sécurité alimentaire mondiale, de la résilience et de la croissance économique », souligne Younès Zrikem, Managing Director & Partner au bureau BCG de Casablanca et co-auteur du rapport.

Et d'ajouter : « L’agriculture est l’un des moyens les plus directs et les plus efficaces de réduire la pauvreté, d’autonomiser les femmes et de renforcer la résilience climatique à long terme ».

L’agriculture, un triple levier

 Le rapport met en évidence l’impact multiple qu’un investissement accru dans l’agriculture africaine pourrait générer.

• Réduction de la pauvreté et de la faim : plus de 400 millions d’Africains vivent dans l’extrême pauvreté et 60 % des personnes en insécurité alimentaire aiguë dans le monde se trouvent sur le continent.

• Amélioration de la santé et de l’éducation : la malnutrition chronique touche 290 millions d’Africains et entrave l’apprentissage de 45 millions d’enfants de moins de cinq ans.

 • Égalité de genre : les femmes représentent 40 % de la main-d’œuvre agricole mondiale.

• Résilience climatique : développer des systèmes agricoles durables et adaptés au climat sera essentiel pour réduire l’impact des chocs climatiques et contenir les déplacements forcés, qui pourraient représenter 40 % des migrants climatiques mondiaux d’ici 2050.

 « Renforcer les systèmes agricoles africains n’est pas seulement une nécessité pour le continent, c’est aussi une priorité pour le reste du monde. Avec les bons investissements, l’Afrique peut répondre à ses besoins alimentaires croissants, protéger les moyens de subsistance de millions d’agriculteurs et contribuer de façon décisive à l’action climatique», souligne Zoe KarlWaithaka, Managing Director & Partner au bureau BCG de Nairobie.

Combler le déficit de financement

Le rapport souligne également l’importance d’engagements politiques plus forts. Les dépenses publiques consacrées à l’agriculture représentent seulement 3 % des budgets gouvernementaux en Afrique, bien en deçà de l’objectif de 10 % fixé par l’Union Africaine.

« L’agriculture africaine n’est pas une question périphérique mais une priorité mondiale. Avec des investissements ciblés, une meilleure coordination des politiques publiques et une collaboration internationale renforcée, l’Afrique peut transformer son agriculture en pilier du développement durable. Combler le déficit de financement n’est pas seulement un impératif moral ; c’est une opportunité stratégique pour accélérer les progrès en matière de réduction de la pauvreté, d’égalité de genre, de résilience climatique et de sécurité alimentaire. Le moment d’agir est venu, lorsque les exploitations africaines prospèrent, le monde entier se rapproche de la réalisation des ODD», insiste-t-il.

En effet, seuls le Malawi et l’Éthiopie respectent régulièrement ce seuil. Par ailleurs, l’investissement privé ne constitue que 3 % du financement total de l’agriculture africaine, contre 10 % en moyenne dans le reste du monde.

En juin 2024, le Forum de Paris sur la Paix a lancé l’Agricultural Transitions Lab for African Solutions (ATLAS) afin de promouvoir l’investissement, la transparence et un suivi précis des actions entreprises dans le secteur agricole.

A ce titre, le 2x30 Challenge appelle à doubler les financements annuels, de 49 milliards à 100 milliards de dollars d’ici 2030.

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