Selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), la réduction de la pollution plastique passera par des changements de politiques et des ajustements de marché significatifs à six niveaux, notamment structurel.
L’organisme de l’ONU a consigné ces axes dans un nouveau document intitulé «fermer le robinet : comment le monde peut mettre fin à la pollution plastique et créer une économie circulaire», où y est projetée une réduction de la pollution plastique de 80% d’ici à 2040.
L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que 353 millions de tonnes de déchets plastiques ont été produites dans le monde en 2019 dont seulement 9% ont été recyclés et 22% mal gérés ou rejetés dans l’environnement. En 2023, la situation s’est davantage détériorée, impactant la biodiversité des océans, surtout en Afrique, un continent particulièrement touché par ce phénomène.
Devant une panoplie d’initiatives qui n’ont jusque-là pas permis d’éradiquer la pollution plastique, le PNUE suggère une tout autre approche qu’il a consignée dans un document intitulé «Fermer le robinet : comment le monde peut mettre fin à la pollution plastique et créer une économie circulaire ». À en croire la directrice exécutive du PNUD, Inger Anderse, la prise en compte de cette feuille de route par les gouvernements et les entreprises pourrait permettre de réduire la pollution plastique de 80% à l’horizon 2040.
Réutiliser, recycler, réorienter et diversifier
L’approche du PNUD se décline en six axes. Dans un premier temps, l’organisme de l’ONU propose de changer le système en accélérant la réutilisation, le recyclage, la réorientation et la diversification (RRR+D), et en prenant des mesures pour faire face à l’héritage de la pollution plastique. Ainsi, «100 millions de tonnes de plastique provenant de produits à usage unique et à courte durée de vie devront encore être traitées en toute sécurité chaque année d’ici à 2040 », indique le PNUE.
Un marché circulaire : RRR + D devra également être créé. Ainsi, la promotion des options de réutilisation, y compris les bouteilles réutilisables, les distributeurs en vrac, les systèmes de consigne et de reprise des emballages permettraient de réduire de 30% la pollution plastique d’ici à 2040. Pour réaliser ce potentiel, les gouvernements devront contribuer à renforcer les arguments commerciaux en faveur des produits réutilisables.
Il sera aussi possible de réduire la pollution plastique de 20% supplémentaires d’ici à 2040 si le recyclage devient une activité plus stable et plus rentable. La suppression des subventions aux combustibles fossiles, l’application de directives de conception visant à améliorer la recyclabilité et d’autres mesures permettraient de faire passer la part des plastiques économiquement recyclables de 21 à 50%.
Dans une autre mesure, le remplacement judicieux de produits, tels que les emballages en plastique, les sachets et les plats à emporter par des produits fabriqués à partir de matériaux alternatifs (tels que le papier ou les matériaux compostables) pourra entraîner une diminution supplémentaire de 17% de la pollution par les plastiques.
Un facteur de croissance économique
Dans le troisième axe de sa nouvelle stratégie, le PNUE suggère de définir et de mettre en œuvre des normes de conception et de sécurité pour l’élimination des déchets plastiques non recyclables et de rendre les fabricants responsables des produits contenant des microplastiques. Le passage à une économie circulaire permettrait de réaliser 1,27 trillion de dollars d’économies compte tenu des coûts et des recettes du recyclage. En outre, les externalités évitées (santé, climat, pollution de l’air, dégradation des écosystèmes marins et coûts liés aux litiges) permettraient d’économiser 3.250 milliards de dollars.
Le changement de politique dans la gestion des déchets plastiques induira automatiquement la création de 700.000 nouveaux emplois dans les pays à faible revenu à l’horizon 2040. «Les coûts d’investissement pour le changement systémique recommandé sont importants, mais inférieurs aux dépenses prévues si le changement systématique n’est pas entrepris : 65 milliards de dollars par an contre 113 milliards de dollars par an», peut-on lire dans la feuille de route du PNUE. Il faudra toutefois procéder à ces ajustements rapidement pour éviter un retard qui pourrait faire plus de mal. Le PNUD souligne qu’un retard de cinq ans pourrait entraîner une augmentation de 80 millions de tonnes métriques de la pollution plastique d’ici à 2040.
Pour réduire la pollution plastique, l’organisme de l’ONU recommande aussi qu’un cadre fiscal mondial fasse partie d’un pacte politique pour permettre aux matériaux recyclés de concurrencer les matériaux vierges sur un pied d’égalité, de créer une économie d’échelle pour les solutions, et établir des systèmes de suivi et des mécanismes de financement. «Si nous suivons cette feuille de route, y compris lors des négociations sur l’accord relatif à la pollution plastique, nous pouvons obtenir des résultats économiques, sociaux et environnementaux majeurs», conclut le PNUE.