Les ambitions fixées en matière d'énergies renouvelables ont été revues à la hausse pour dépasser l'objectif actuel de 52% du mix électrique national avant l'année 2030, a indiqué, mardi à Rabat, la ministre de la Transition énergétique et du Développement durable, Leila Benali.
A ce jour, 61 projets sont en cours de développement ou de réalisation avec une capacité totale de près de 4,6 gigawatts et un investissement de près de 53 milliards de DH, a précisé Benali dans sa réponse à une question orale à la Chambre des conseillers sur les étapes clés pour la mise en œuvre de la stratégie pour la transition énergétique vers un développement durable.
Ces projets restent insuffisants, a-t-elle fait savoir, ajoutant que nombre d'initiatives et de nouveaux programmes pour l'appui à l'investissement dans les énergies renouvelables ont été mis sur pied, dont un programme d'une capacité totale de 400 mégawatt pour la réalisation de projets d'énergies solaire photovoltaïque en vue de soutenir les PME et créer des emplois et un autre sur l'alimentation de la station de dessalement de l'eau de mer à travers l'utilisation des énergies renouvelables.
A cet égard, Benali a noté que le premier projet dans ce domaine est en cours d'élaboration dans la région de Dakhla.
Il s'agit également du programme de développement de l'alimentation des zones industrielles par de l'énergie électrique propre, a-t-elle poursuivi, faisant savoir que la zone industrielle de Kénitra sera, dans une première étape, alimentée par une énergie de près de 160 gigawatt/heure, alors que les zones industrielles prioritaires seront quant-à-elles alimentées avec près de 800 gigawatt/heure.
La ministre a aussi précisé que le Maroc vise à atteindre les objectifs de la stratégie de transition énergétique, fondée sur trois piliers: l'élaboration d'une nouvelle politique et l'adoption d'une approche durable dans tous les secteurs conformément aux engagements internationaux et afin d'atteindre les indicateurs de développement prévus par le Nouveau modèle de développement, outre le renforcement de la coopération régionale qui se veut un pilier pour la réalisation de la sécurité énergétique ainsi que l'accompagnement législatif, réglementaire et institutionnel pour promouvoir les investissements national et étranger.
Dans ce cadre, la ministre a mis en avant la place du secteur de production et de transport de l'électricité en général dans l'utilisation de l'assiette foncière par le biais de la location et de la cession, notant que les phases de mobilisation des domaines de l'Etat par la séparation du milieu forestier et de la propriété privée de l'Etat ont un impact sur leur disponibilité dans les délais impartis et à des coûts raisonnables, sachant que les deux tiers de la période nécessaire pour une mobilisation foncière concerne les procédures administratives et juridiques y afférentes.
Pour atteindre les objectifs tracés, le ministère propose une procédure spéciale pour l'expropriation pour cause d'utilité publique et la mise en place de mécanismes et de mesures adéquats pour la simplification des procédures en ce qui concerne l'expropriation ou l’occupation temporaire des terres relevant du domaine forestier, a-t-elle relevé.
La période précédente a été marquée par de nombreux défis, dont le renouvellement par le Royaume de ses engagements internationaux lors de la COP26 à Glasgow, notamment en termes d’adaptation du système électrique national, en diminuant progressivement l'utilisation du charbon, sans oublier l'arrêt du gazoduc Maghreb-Europe qui a offert une opportunité pour l'adoption de cette nouvelle politique, a-t-elle dit.
Des chantiers transversaux ont été également lancés, dont l’évaluation de la stratégie nationale de développement durable, outre le chantier de réforme des établissements publics relevant du secteur et la poursuite du processus de mise en oeuvre de la régionalisation avancée, à travers l’accompagnement des collectivités territoriales, particulièrement dans les domaines de la valorisation des déchets et la distribution de l'électricité et de l’eau.
Concernant les réformes d'ordre législatif, organisationnel et institutionnel dans le domaine de la transition énergétique, Benali a affirmé que son département poursuit ses efforts pour améliorer l’arsenal juridique, organisationnel et institutionnel.
La ministre a, par ailleurs, souligné que l'arrêt du gazoduc Maghreb-Europe a constitué une opportunité pour opérer une révision globale de la feuille de route relative au gaz naturel, considéré comme un produit essentiel pour développer les énergies renouvelables, réaliser le développement industriel et du secteur de la logistique au Maroc.
Depuis novembre dernier, plus de 80% de la demande en énergie électrique ont été couverts par le charbon, le fioul, le diesel, et les importations de l'électricité des pays voisins et certains projets photovoltaïques, a noté la ministre, précisant que l'accès au marché du gaz naturel international permettra l'accélération du développement des énergies renouvelables et la promotion d'une industrie et de services logistiques sobres en carbone.