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Les chiffres choc du Compte satellite de l’emploi

Les chiffres choc du Compte satellite de l’emploi

Le haut-commissariat au Plan a présenté mardi le Compte satellite de l’emploi (CSE). Il s’agit d’une première expérience en Afrique et quatrième au niveau mondial.

Le CSE met en relation les données relatives à l’emploi et à la production.

Réalisé par le Haut-commissariat au Plan, en partenariat avec l’Organisation internationale du travail, ce compte fournit une base de données harmonisée et systématique sur la demande du travail mobilisée par les unités de production et un cadre cohérent pour intégrer et présenter les variables du marché du travail, en relation avec les données et les agrégats fournis par le cadre central des comptes nationaux.

 

Quelques données

Les résultats du CSE ne font que refléter l'image de notre structure productive, et mettent en exergue le rôle majeur que joue toujours le secteur de l'agriculture dans la détermination de la croissance et de l'emploi, en contribuant à hauteur de 12% à la valeur ajoutée totale tout en employant 39,7% de l'emploi total.

Selon le HCP, l'emploi dans ce secteur, qui ne s'améliore et ne se modernise que très faiblement, reste peu rémunéré et peu qualifié et majoritairement informel, en représentant d’ailleurs 97% de l'emploi dans ce secteur.

L’évolution de l'emploi dans le secteur de l’agriculture est caractérisée par la réduction continue du nombre de personnes employées, qui est devenue de plus en plus récurrente sous fond des conditions climatiques difficiles que connaît notre pays.

La libération de ce surplus de main-d’œuvre a été traduite par une prolifération du secteur des services qui représente 41,3% de l'emploi total, et qui restent, en dehors de certaines activités modernes, dominés par les petits métiers dans le commerce et l’artisanat.

Par ailleurs, les résultats du CSE montrent que l'expansion du travail informel qui représente une part de 67,6% de l’emploi total.

La prédominance du travail informel entraîne d’importantes disparités en termes de durée de travail, de rémunération et de productivité. Les employés informels travaillent en moyenne annuelle 145 heures de plus que leurs homologues formels, tout en recevant une rémunération moyenne cinq fois inférieure.

De plus, en termes de productivité apparente du travail, celle des employés formels demeure 3,7 fois supérieure à celle des employés informels.

En outre, la rémunération moyenne par salarié dans l'agriculture est inférieure de 60% de celle de l’industrie et de 73% de celle des services.

De même, l'évolution des salaires en relation avec la productivité révèle le ralentissement de la croissance de la productivité, qui a évolué de 1,9% entre 2014 et 2019, sans qu'elle soit accompagnée d'une amélioration des salaires moyens réels, qui se sont au contraire détériorés d'environ 0,88%, et qui aura des implications importante sur la demande agrégée, principale moteur de la croissance durant ces vingt dernières années, via la détérioration du pouvoir d’achat et l’importance de la part des revenus salariaux dans le total des revenus des ménages.

 

Transformations structurelles

Les données sur l’emploi du secteur de l’industrie reflètent les symptômes de la désindustrialisation à travers sa faible part dans l’emploi total s’élevant à 11% et sa part dans la valeur ajoutée de 22%.

En outre, la faible intégration des activités manufacturières dans le tissu productif domestique et sa forte dépendance en inputs importés entraînent un affaiblissement de ses liens intersectoriels et en conséquence contribue à la réduction de son intensité en emploi et l’affaiblissement de ses effets multiplicateurs.

Ainsi, est-il souligné, «relever le défi de l'emploi au Maroc est plus pressant que jamais. Notre pays bénéficie encore d'une manne démographique considérable concrétisée par l'entrée d'un nombre important de personnes en âge de travailler sur le marché du travail. Cette opportunité, une fois qu’elle est perdue, pourrait se transformer en un fardeau qui pèse lourdement sur les équilibres sociaux si l'on ne parvient pas à accroître la productivité et générer une croissance intensive en emploi».

Cela reste tributaire de la réussite des transformations structurelles de l’économie nationale favorables à l'émergence d'une industrie moyennement productive et étroitement intégrée à l'économie domestique, et aussi à la création d'un environnement propice pour l'amélioration de la compétitivité et l'expansion des petites et moyennes entreprises formelles, note le HCP.  

Précisant que «cela nous permettra non seulement de réduire la taille de l'économie informelle, mais aussi de valoriser le travail, d’intensifier les qualifications par le Learning by Doing, et de promouvoir une allocation optimale de l'emploi».

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