L'opération d'amnistie fiscale, qui a pris fin le 31 décembre dernier, favorise la réintégration dans le tissu formel et le regain d'investissement de la part des contribuables, a affirmé, mercredi à Casablanca, le ministre délégué auprès de la ministre de l'Économie et des Finances, chargé du Budget, Fouzi Lekjaa.
Intervenant lors d'une rencontre tenue par la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) pour échanger notamment sur les dispositions de la Loi de Finances (LF) 2025, Lekjaa a mis en avant l'engouement qu'ont connu les derniers jours de cette opération qui visait à encourager les contribuables à régulariser volontairement leurs profits et revenus imposables, n'ayant pas été déclarés avant le 1er janvier 2024, en s'acquittant d'une contribution libératoire fixée à 5% de la valeur des avoirs et dépenses déclarés.
Pour lui, cet engouement renseigne qu'il y a encore plus de marges et de dépôts à légaliser, au regard du flux très important. Et de poursuivre : "Nous ne pouvions pas prolonger le délai, parce qu'en tout état de cause, nous allons toujours attendre la dernière minute pour le faire".
Lekjaa a également fait état d'une réflexion menée avec Bank Al-Maghrib pour aboutir à des solutions structurelles au cash. Il a, à cet effet, assuré qu'il s'agit d'une logique axée sur l'ouverture de parenthèses de légalisation et de permettre aux uns et aux autres de réintégrer le tissu formel et d'investir.
"Je peux vous garantir que les consignes qui ont été données sont de garder l'anonymat (…) Aucun dépositaire de son argent ne fera l'objet d'un contrôle fiscal en 2025", a ajouté le ministre, invitant les parties concernées à jouer leur rôle notamment en matière d'incitation à la bancarisation et au passage au formel.
Par ailleurs, Lekjaa est revenu sur la réforme fiscale, dont l'approche est fondée sur plusieurs principes, à leur tête celui consistant à donner de la visibilité et à être dans la stabilité de la législation fiscale.
Il a passé en revue les différentes mesures mises en place en matière de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA), l'impôt sur les sociétés (IS) et l'impôt sur le revenu (IR), notant qu'après la fin de la mise en œuvre de cet arsenal, il est possible d'ouvrir le débat de nouveau pour apporter les corrections à même de consolider la stabilité et de permettre à la petite et moyenne entreprise de se développer le plus rapidement possible.
Ainsi, cette rencontre a été l'occasion pour Lekjaa de faire le point sur les efforts déployés par l'Exécutif durant cette législature en termes de choix, de stratégies et de mesures.
Il a également présenté les enjeux de l'organisation de la Coupe du Monde 2030, de la Coupe d'Afrique des nations de football (CAN) 2025 et d'autres événements footballistiques.
De son côté, le président de la CGEM, Chakib Alj, a affirmé que la Confédération est engagée à accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre de la LF 2025, considérée comme un levier de croissance inclusive et durable.
"Les perspectives économiques nationales et internationales prévoient une année 2025 porteuse de croissance, malgré la persistance de la sécheresse dans notre pays. Il est important de continuer à libérer les énergies en simplifiant l’entrepreneuriat, en facilitant l’investissement et en offrant de la visibilité", a-t-il dit.
Alj a fait remarquer que l’augmentation des recettes fiscales à près de 300 milliards de dirhams (MMDH) en 2024 est alignée avec les efforts de modernisation et de développement du Royaume, sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Avec les quelque 130 MMDH alloués en 2025, les investissements stratégiques devraient se focaliser sur les énergies renouvelables, l'eau et les nouvelles technologies, a-t-il précisé, notant que ce budget vise aussi à soutenir l'emploi à travers l'élargissement de la charte d'investissement aux très petites, petites et moyennes entreprises (TPME), véritables moteurs de l’économie nationale.
Par la même occasion, le président de la CGEM a salué les mesures fiscales introduites, telles que la révision du barème de l'Impôt sur le Revenu (IR) et les dispositions visant à protéger la production locale qui sont de nature à améliorer le pouvoir d’achat des ménages, à renforcer la compétitivité des entreprises et à promouvoir l’émergence de champions nationaux.
Il a, en outre, appelé à poursuivre les efforts pour lutter contre l’informel, intégrer progressivement ces activités dans l’économie formelle et harmoniser les droits de douane sur les intrants, afin de réduire les coûts de production et stimuler l’exportation.
Mettant en avant l'impact économique de l'organisation de la Coupe du Monde 2030, Alj a rappelé les défis à relever, notamment la gestion des flux, l'investissement dans les infrastructures et la création de près de 100.000 emplois temporaires, tout en insistant sur l'importance de la refonte de la formation professionnelle continue pour accompagner cette dynamique.