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Aïd Al-Adha: «L’importation d'ovins n’impactera probablement pas le cheptel marocain»

Aïd Al-Adha: «L’importation d'ovins n’impactera probablement pas le cheptel marocain»

Exactement comme prévu et prédit, les prix du cheptel destiné à l'Aïd Al Adha connaissent cette année une hausse non négligeable par rapport aux années précédentes.

Cette variation résulte essentiellement de la flambée des prix des intrants et des hydrocarbures, qui a fortement impacté le coût de production des ovins et des caprins.

Entretien avec Dr. Said Chatibi, Directeur général de l’Association nationale ovine et caprine.

 

Propos recueillis par M. Ait Ouaanna

Finances News Hebdo : A la veille de l'Aïd Al-Adha, les moutons n’ont hélas pas échappé à l’inflation. Concrètement, comment peut-on expliquer cette situation ?

Dr. Said Chatibi : Le prix de vente de chaque produit dépend en premier lieu de son coût de production; plus le coût de production est important, plus le prix de vente sera élevé. L’inflation mondiale, qui a débuté en 2022 suite notamment à la guerre en Ukraine, a entraîné une augmentation frappante de l’ensemble des intrants entrant dans la production des ovins et des caprins. A titre d’exemple, le prix de l’aliment concentré a doublé, en passant de 2,50 dirhams (DH) – 3 DH le kilogramme (Kg) à 5,5 DH – 6 DH le Kg, sachant qu’à cause de la sécheresse, les éleveurs ont été amenés à donner de l’aliment toute l’année. Cette même tendance haussière a touché les autres intrants et les hydrocarbures. Ces derniers impactent le coût de la logistique sur tous les maillons de production des animaux de l’Aïd al-Adha. L’ensemble de ces éléments ont fortement impacté le coût de production des ovins et des caprins, et cela s’est directement répercuté sur le prix des animaux destinés à l’Aïd. La hausse des prix est donc la conséquence directe de l’augmentation du coût de production, et cette flambée des prix sera proportionnelle au poids des animaux. Par exemple, en ce qui concerne les moutons dont le poids se situe entre 50 et 60 Kg, soit la catégorie la plus commercialisée pour le sacrifice, la hausse sera d’environ 700 à 800 DH. Pour les animaux plus légers, l’augmentation sera moins importante et pour les moutons plus lourds, elle sera relativement plus importante. Pour les caprins et les antenaises (femelles ovines jeunes), l’augmentation sera moins significative car le prix de ces catégories d’animaux est souvent inférieur à 1.500 DH. Mais ce qui est important cette année, c’est que l’offre en ovins et caprins est très diversifiée; on retrouve des animaux âgés de plus de 12 mois et d’autres plus jeunes âgés de 7 à 10 mois, ce qui offre aux consommateurs une diversité de choix.

 

F.N.H. : Dans ce contexte particulier, quel est l’état de l’offre et de la demande ?

Dr. S.C. : Le ministère de l’Agriculture a confié à l’ Association nationale ovine et caprine (ANOC) ainsi qu’à la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR) l’exécution sur le terrain de l’opération d’identification des ovins et des caprins destinés à l’abattage de l’Aïd al-Adha, sous la supervision des services de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA). En plus de son rôle déterminant en matière de traçabilité et de lutte contre les mauvaises pratiques qui peuvent avoir lieu lors de la préparation des animaux destinés à l’abattage, cette opération constitue un véritable indicateur de l’offre nationale pour l’Aid Al-Adha. Si l’on tient compte des résultats enregistrés à ce jour, l’ANOC a identifié un peu plus de 3,6 millions de têtes dans les régions qui nous ont été confiées, soit 50% du territoire national. Et si l’on ajoute à cela les 3,2 millions de têtes environ recensées par la FIVIAR, ça nous fait un total de plus de 6,8 millions de têtes identifiées à titre provisoire. Ces données sont très rassurantes, car elles montrent que l’offre nationale couvre suffisamment la demande qui se situe généralement aux environs de 5,7 millions de têtes.

 

F.N.H. : Même si l’offre dépasse la demande, le Maroc a décidé cette année d’importer quelques milliers de têtes de bétail destinées à l'abattage de l’étranger, notamment de l’Espagne et du Portugal. Cette décision peut-elle avoir un impact sur la vente du cheptel local marocain ?

Dr. S.C. : Effectivement, l’Etat a pris un certain nombre de mesures pour faciliter l’importation des ovins de l’extérieur. Cette opération vise à soutenir le marché national et à offrir aux consommateurs à faible pouvoir d’achat un produit à un prix abordable. Nous estimons que la quantité totale qui sera importée restera modeste par rapport à l'effectif local destiné à l’Aïd al-Adha, mais elle viendra enrichir davantage la diversité de l’offre déjà présente sur le marché national. A mon sens, l’importation d’ovins n’impactera probablement pas le cheptel local marocain, et ce pour deux raisons. D’une part, car comme précité, la quantité importée est peu significative par rapport à l’effectif local destiné au sacrifice (moins de 1% d’après les estimations), et d’autre part, le produit importé est différent de la panoplie de produits issus du cheptel national, que ce soit en termes de poids, de morphologie, de race ou de phénotype (apparence extérieure). Pour cette occasion spéciale, la plupart des consommateurs marocains sont souvent attachés à une race donnée ou à une présentation morphologique particulière. Ainsi, ces éléments laissent penser qu’on aura juste un petit segment de plus sur le marché qui va s’ajouter à la gamme de produits offerte par les races locales et le cheptel national. 

 

 

 

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