Après une année 2019 marquée par la montée de la rhétorique protectionniste (avec plus de 1 000 mesures prises dans le monde) et le premier recul du commerce mondial depuis dix ans, Coface anticipe une progression des échanges internationaux de seulement 0,8% cette année.
L’accord de trêve commerciale signé entre les Etats-Unis et la Chine devrait en effet être insuffisant pour rétablir la confiance des entreprises et faire rebondir significativement l’industrie et le commerce mondial.
D’autant plus que seulement 23% de l’ensemble de ces mesures protectionnistes prises entre 2017 et 2019 concernent les Etats-Unis ou la Chine.
La montée du protectionnisme est donc une tendance globale et durable à laquelle les entreprises doivent s’habituer, estime Coface.
La croissance mondiale, déjà réduite de trois quarts de points l’année dernière du fait de ces incertitudes commerciales, ne devrait pas rebondir cette année (2,4% après 2,5% en 2019). Coface prévoit que les défaillances d’entreprises augmenteront dans 80% des pays pour lesquels ces prévisions sont établies cette année.
Parmi eux, les Etats-Unis (+3% en 2020), le Royaume-Uni (+3% en 2020, après une hausse cumulée de 17% depuis le referendum de juin 2016), l’Allemagne (+2%) ou encore la France (+1%) sont dans ce cas de figure.
Au total, Coface anticipe une hausse des défaillances de 2% dans le monde, en ligne avec 2019.
Les principaux risques pour les entreprises en 2020 seront non-économiques
La fin de l'année dernière a été marquée par la multiplication des «foyers» de tensions sociales dans le monde, avec des niveaux d'intensité différents. Cette tendance de fond était largement anticipée par l’indice de risque politique Coface publié dès début 2019, à un pic record.
En 2020, cet indicateur met en exergue un niveau de risque social élevé dans plusieurs pays d’Afrique, du Moyen-Orient, d’Asie centrale ou encore en Russie.
Depuis 2019, le mécontentement social exprime aussi de plus en plus souvent des demandes en matière de protection de l’environnement.
Ces risques environnementaux ont des effets aussi divers que variés sur le risque de crédit des entreprises : plus grande fréquence de risques physiques (catastrophes naturelles résultant des changements climatiques), mais aussi de risques de transition (nouvelles réglementations plus contraignantes, changements de normes de consommation).
Pour ces derniers, les effets de normes anti-pollution plus strictes pour le secteur automobile en Inde ou encore dans le transport maritime mondial seront à surveiller cette année.
Coface accorde une attention particulière à l’analyse de ces deux catégories de risques environnementaux.
Economies émergentes et risque souverain
La croissance des économies émergentes devrait légèrement s’accélérer cette année (3,9% contre 3,5% en 2019).
Toutefois, la dette publique atteint un niveau historiquement élevé pour ces pays.
Elle est en hausse dans toutes les régions, exception faite de l’Europe centrale et orientale.
Pour l’Amérique latine, le niveau d’endettement est supérieur à celui de la fin des années 1990 marquées par des crises de dette récurrentes.
En Afrique, la dette publique est proche du niveau observé il y a une quinzaine d’années, période des annulations de créances par les bailleurs internationaux et bilatéraux.
Pour les entreprises dans ces régions, cela signifie que les arriérés de paiement de l’État et des grandes entreprises publiques sont susceptibles d’augmenter cette année.
Seule bonne nouvelle, la structure de la dette souveraine des pays émergents est généralement plus favorable qu’il y a vingt ans, puisque 80% de celle-ci est désormais libellée en devise locale.
Dans cet environnement délicat et volatile où les économies sont confrontées à des vents contraires, 4 évaluations de pays sont déclassées (Colombie, Chili, Burkina Faso et Guinée), tandis que 6 sont revalorisées (Turquie, Sénégal, Madagascar, Népal, Maldives et Paraguay).■