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Covid-19: Les chiffres très inquiétants de la pandémie

Covid-19: Les chiffres très inquiétants de la pandémie

Le nombre de cas a été multiplié par 20 et celui des personnes en réanimation ou soins intensifs a doublé depuis le 21 juin dernier.

Jaâfar Heikel, épidémiologiste, professeur de médecine préventive, spécialiste des maladies infectieuses et économiste de la santé, fait le point sur la situation épidémiologique.

 

Propos recueillis par B. Chaou

 

Finances News Hebdo : Quels sont les facteurs qui ont conduit à la hausse des cas ces dernières semaines ?

Jaâfar Heikel : La courbe des contaminations actuelles de la covid-19, dans le contexte marocain, montre que nous sommes réellement entrés dans une phase de deuxième vague. Nous avions avant une courbe de Gauss (ou courbe en cloche), mais aujourd’hui il s’agit vraiment d’une recrudescence des cas. C’est pour ça que je l’appelle une «véritable deuxième vague». Cette dernière s’explique par une conjonction de plusieurs facteurs, dont l’augmentation du brassage populationnel depuis le 21 juin, aussi du fait que les personnes se sont relâchées, c’est-à-dire que le respect des mesures barrières a malheureusement été très réduit. Et finalement, l’existence de manière dominante sur le territoire marocain des variants Alpha et Delta, appelés aussi, respectivement, les variants britannique et indien. Voici les facteurs qui expliquent globalement l’explosion des cas de contamination au Maroc.

 

F.N.H. : Comparativement à l'année précédente, les contaminations actuelles conduisent-elles à moins de formes graves, notamment grâce à la vaccination ?

J. H. : En effet, le nombre d’infections aurait pu être beaucoup plus important si nous n’avions pas une grande partie de la population vaccinée. Je rappelle à cet effet que le Maroc a fait des efforts très importants, car nous avons 10 millions de personnes qui ont reçu les deux doses du vaccin, soit à peu près 33% de la population cible. Aujourd’hui, nous savons qu’une personne vaccinée réduit ses chances d’être infectée d’à peu près 80%. Elle est donc protégée contre le virus et protège les autres citoyens aussi. Et quand elle est infectée, il n’y a pas de grands risques à ce qu’elle soit hospitalisée.

 

F.N.H. : Sur quel plan cette recrudescence des contaminations pose-telle problème ?

J. H. : Cette recrudescence est problématique parce qu’elle va mettre sous pression le système de santé et la prise en charge des patients aussi bien dans les hôpitaux publics que dans les cliniques privées. Il faut être très prudent, car les indicateurs épidémiologiques montrent une progression de paramètres alarmants, qui sont le nombre de cas qui a été multiplié par 20 fois et la hausse des tests de positivité qui était à 1,5%, et qui est presque arrivée à 20%. Il y a aussi une augmentation des patients sous supervision médicale  : de 3.500 personnes au 21 juin, nous sommes passés à 20.000 actuellement.

L’autre indicateur inquiétant, c’est le nombre de personnes nécessitant une réanimation ou des soins intensifs. Ce chiffre était aux alentours de 205 au 21 juin 2021; il est d’environ 500 maintenant. Ces données montrent l’entame d’une deuxième grosse vague qui doit nous inciter à énormément de prudence et de vigilance, à multiplier les tests et à l’isolement des personnes malades et des cas contacts. Mais surtout, il faut maintenir les gestes barrières et poursuivre la stratégie vaccinale pour l’atteinte, d’ici la fin d’année, d’au moins 70% de la population cible. Mais la bonne nouvelle, c’est que le niveau de guérison est de 95%.

 

F.N.H. : Quels sont les moyens à mettre en place pour minimiser le risque de contamination ?

J. H. : Je pense que pour éviter les problématiques liées aux risques de contamination aussi bien pour les personnes vaccinées que non-vaccinées, il faut appliquer des mesures restrictives. Nous n’allons pas pénaliser les 10 millions de Marocains qui ont été vaccinés par les deux doses si nous devons organiser un certain nombre d’activités et de fêtes qui sont importantes pour la vie sociale et économique. Là, je pense aux traiteurs, aux restaurants, aux cafés, aux hôtels… Il faut faire en sorte que l’accès soit réservé aux personnes vaccinées ou au moins aux personnes ayant un test négatif. Je pense sincèrement que cela permettrait d’équilibrer entre le sanitaire, le social et l’économique et irait dans l’intérêt de tous en attendant que nous atteignions l’immunité collective.

 

F.N.H. : Ce ne serait pas vu comme de la discrimination ?

J. H. : Non. Il ne s’agit pas de discrimination, mais simplement de faire en sorte que nous puissions en même temps se vacciner et se protéger les uns les autres. L’objectif est aussi de ne pas bloquer ou arrêter l’activité sociale et économique au sein du pays, d’une région ou à l’intérieur d’une même ville.

 

 

 

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