◆ Le Comité de veille économique renforce ses mesures de soutien en raison d’une pandémie encore persistante.
◆ De nouveaux secteurs ont bénéficié de contrats-programmes.
Nous le disions tantôt. Le coronavirus a décidé de jouer les prolongations en cette année 2021. Il contraint ainsi logiquement le Comité de veille économique (CVE) à poursuivre un long et épuisant match entamé depuis mars 2020, et dont on ne connait pas encore l’épilogue. Lors de sa 11ème réunion tenue la semaine dernière, le CVE a, en effet, raclé le fond de sa tirelire pour poursuivre ses efforts de soutien aux secteurs les plus vulnérables impactés par cette crise sanitaire.
Certes, l’activité économique présente un meilleur profil, comme en témoigne l’évolution de certains indicateurs : atténuation de la contraction du PIB trimestriel de 8 pts entre T2 et T3, allègement du déficit commercial de 26%, avoirs officiels de réserve couvrant plus de 7 mois d’importations de biens et services en 2020, ...). Pour autant, l’économie nationale va toujours mal, avec une croissance qui devrait se contracter de -5,8% en 2020 et un déficit budgétaire estimé à 7,5%, selon les prévisions du gouvernement. Certaines activités ont été, dans ce sens, davantage chahutées par la crise, dont notamment le tourisme et le transport aérien, impactés par la multiplication des mesures restrictives.
Les recettes touristiques se sont ainsi repliées de 60,3% au terme des 10 premiers mois de l’année, après +7,4% un auparavant, alors que les volumes des arrivées et des nuitées touristiques ont accusé des reculs, au niveau national, de 78% et de 69% respectivement, indique la dernière note de conjoncture de la Direction des études et des prévisions financières.
Quant au transport aérien, le nombre de passagers accueillis dans les aéroports nationaux s’est réduit de 89% au T3-20 après un recul de 99,1% au T2-20. De son côté, le trafic du fret aérien a baissé de 37,3% après -64% et le mouvement des avions de 81,5% après -96,6%.
Le CVE à la rescousse
Les difficultés persistantes que traversent certains secteurs poussent, de nouveau, le CVE à jouer au sapeur-pompier. Outre la prorogation de la date limite d’octroi des crédits Damane Relance jusqu’au 31 mars 2021 et l’assouplissement des termes d’utilisation de cette offre, le CVE a renforcé son soutien aux secteurs du tourisme, de l’évènementiel et des traiteurs ainsi que des parcs d’attractions et de jeux, et ce en décidant de prolonger jusqu’au 31 mars 2021 les dispositifs d’appui qui leur sont dédiés.
Le CVE a par ailleurs élargi son soutien aux restaurateurs affiliés à la CNSS, également asphyxiés par les mesures restrictives prises pour contenir la propagation de la pandémie, qui ont également bénéficié d’un contratprogramme qui a pris effet depuis le 1er janvier courant.
Dans la même veine, le CVE a conclu avec quatre autres secteurs des contrats-programmes pour préserver l’emploi et appuyer l’activité entrepreneuriale : il s’agit des industries culturelles et créatives, des salles de sport privées, des crèches et de la presse. La Fédération des industries culturelles et créatives accueille très favorablement cette aide de l’Etat (voir entretien), tout comme le secteur de la presse qui était en difficulté bien avant la crise, en raison notamment de la baisse continue des ventes en kiosque et de la réduction drastique des recettes publicitaires.
Abdelmounaïm Dilami, président de l’Association nationale des médias et éditeurs (ANME), ne dit pas autre chose. Selon lui, «les pouvoirs publics ont soutenu la profession durant toute l’année 2020, car cette crise sanitaire a accentué le déficit des entreprises de presse, mises à mal par le fléchissement des recettes publicitaires et des ventes par numéro. L’aide de l’Etat a permis de sauvegarder l’emploi dans plusieurs organes de presse, lesquels ont parallèlement continué à jouer leur rôle d’information et de sensibilisation de l’opinion publique dans ce contexte sanitaire compliqué».
«Le contrat-programme signé la semaine dernière rentre dans le cadre des 5 autres contrats destinés aux secteurs vulnérables, comme le tourisme, l’évènementiel, les industries culturelles et créatives… Il couvre la période 2020-2022 et s’articule autour de plusieurs axes stratégiques, dont notamment un soutien économique et financier à travers le rééchelonnement des crédits et du leasing afin de pouvoir soulager la trésorerie des entreprises de presse pendant le premier trimestre de l’année 2021. L’objectif final est de préserver l’emploi dans le secteur, assurer une meilleure cohésion sociale au sein de la profession et, surtout, garantir la viabilité des entreprises de presse en situation de résilience depuis 9 mois et ce, en attendant que les conditions de la reprise soient réunies», conclut Dilami.
Par D. William