Il y a une vérité que l’on tait inconsciemment, voire dont on ne prend pas conscience : depuis plusieurs mois, il n’y a que le sport, et le foot en particulier pour réunir les Marocains dans la communion et la joie. Il n’y a que le foot qui les fait vibrer autant et qui les rend euphoriques. Il n’y a que le foot qui les rend heureux.
Cette liesse collective dure depuis le Mondial au Qatar. Et elle continue encore aujourd’hui, avec la victoire de prestige des Lions de l’Atlas sur le Bresil (2-1) en match amical. Instants de joie et fierté également avec la boxeuse Khadija El Mardi, sacrée championne du monde des poids lourds, dimanche dernier, à New Delhi, en Inde. Mais ces moments de bonheur durent l’instant d’une confrontation entre deux adversaires.
Après, les 37 millions de Marocains, fervents supporters d’un soir, retournent à la réalité. Celle d’un quotidien de plus en plus dur marqué par l’érosion de leur pouvoir d’achat, avec en toile de fond une inflation persistante, qui se situe en février à 10% sur un an.
Bank Al-Maghrib a tenté de la freiner, sans succès probant pour l’instant. Le gouvernement aussi y est allé de ses mesures, sans résultats également. Et pour finir, les deux ont fini par se prendre la tête et s’embrouiller (voir page). Laissant le problème en l’état : l’inflation est là. S’incruste. Et traduit, globalement, une conjoncture économique morose, dont l’un des principaux marqueurs est le manque de pluie.
Certes, la sécheresse a épargné le Royaume cette année, mais les précipitations n’auront pas été très abondantes, encore moins bien réparties dans le temps et dans l’espace. A cela, s’ajoute la cherté des intrants (l’inflation, toujours !). Conséquence : la superficie emblavée n’aurait pas dépassé 3,65 millions d’hectares et la récolte céréalière serait autour de 55 millions de quintaux, selon les projections de Bank Al-Maghrib. C’est 20 millions de quintaux en moins par rapport à ce qui est prévu dans la Loi de Finances 2023.
Un sacré gap qui, de facto, va impacter la croissance économique, dont l’agriculture reste la principale locomotive. La croissance se situerait ainsi, selon la Banque centrale, à 2,6% cette année au lieu des 4% prévus par le gouvernement.
Un autre gap encore qui va se répercuter sur la capacité de l’économie nationale à générer des emplois, dans un pays où le taux de chômage a atteint 11,8% en 2022 et reste plus élevé parmi les 15 à 24 ans, avec 32,7%. Tout cela contribue à la morosité ambiante actuelle. Pas étonnant que dans l’indice du bonheur 2023 des Nations unies le Maroc soit classé 100ème … sur 137 pays.
Par D. William