Abdelhamid Addou, PDG de Royal Air Maroc, a écrit un courrier virulent et alarmant, en réaction à la grève des pilotes de la compagnie prévue à partir de ce mercredi 18 juillet.
Au terme des discussions avec les représentants des pilotes de ligne, «nous constatons avec amertume, malgré un nombre historique d’engagements, l’absence de volonté d’aboutir à un compromis, celui-ci repoussé par une surenchère des revendications», indique-t-il.
«Ce refus dogmatique d’un engagement vers une pérennisation des relations sociales, révèle l’intention de se maintenir dans une position belliqueuse jugée confortable, mais au demeurant court-termiste et inutile, dès lors qu’il n’y a plus rien à défendre après la destruction (…).
C’est un blocage de toute initiative visant à investir dans notre compagnie pour son développement et le nôtre, aucun actionnaire ne pouvant mobiliser des fonds dans un tel contexte d’incertitude», ajoute Addou.
Lequel «constate donc qu’il n’y a pas la volonté de voir la compagnie se développer, ou que cette volonté cède à des considérations égocentrées».
Selon lui, tous les moyens ont été mobilisés «pour pouvoir répondre aux attentes des pilotes de ligne».
Mais, assure-t-il, «en réponse à cela, nous constatons un refus, fait par une minorité influente, accepté et validé par tous, de tout compromis avec la compagnie et de toute possibilité de paix sociale».
«La grève qui s’annonce à compter du mercredi 18 juillet 2018 sera dévastatrice. Elle détruira de la valeur et dégradera nos indicateurs économiques (…) Elle affectera non seulement l’image de l’entreprise déjà écornée, mais celle d’une population incontournable (...)
Les commandes d’avions prévues seront annulées car nous ne disposons pas des moyens financiers pour les acquérir.
Les actes de carrières seront par conséquents stoppés. Les insatisfactions seront exacerbées. Chaque collaborateur en subira les conséquences», avertit le PDG de la RAM.
«Ma plus grande frustration, au-delà du gâchis incontestable que cela représente, au-delà des sacrifices que cela va générer pour toutes les catégories du personnel, c’est qu’à travers le dialogue social, nous avions apporté des réponses historiques aux doléances des pilotes de ligne», fait savoir Addou.
Non sans préciser que «quelle que soit l’appréciation de valeur qu’on puisse accorder aux propositions de la compagnie, elles ne sauraient justifier de mettre en péril nos équilibres, d’embarquer l’entreprise dans un avenir hasardeux er de risquer sa stabilité, voire son existence».
«Je pensais que le niveau de maturité d’une élite nationale, et que sa passion pour Royal Air Maroc nous permettraient de construire tous ensemble un avenir enfin meilleur et prometteur pour notre compagnie, à même de faire taire tous nos adversaires. Il semble que je me sois trompé, et que nous sommes condamnés à réécrire la même histoire, la même depuis 20 ans», se désole Addou.
Le PDG de la RAM indique cependant que son «bureau reste ouvert».
«Toute proposition intelligente visant à dépasser ce que j’espère n’être qu’une simple crise passagère sera étudiée.
Nous sommes passés bien au-delà de notre capacité à satisfaire l’un des bras armé de l’entreprise et nous constatons, impuissants, l’échec du dialogue social et de l’envol vital de notre Royal Air Maroc», conclut-il.