L’éducation nationale a connu la crise la plus tumultueuse de son histoire. Après plusieurs mois de grèves, la tension ne faiblit toujours pas entre le gouvernement et une partie du corps enseignant.
Par M. Boukhari
Le dimanche 7 janvier, les enseignants ont investi les rues de plusieurs villes du Royaume afin de protester contre une récente mesure prise par la tutelle. Ces derniers s’insurgent en effet contre la décision de Chakib Benmoussa de suspendre les enseignants qui ne sont pas retournés en classe. Pour exprimer leur désarroi, plusieurs d’entre eux n’ont pas hésité à partager sur les réseaux sociaux les lettres de suspension reçues de la part des directions provinciales de l’éducation nationale.
Ils estiment que rien ne leur fera abandonner leur principale revendication consistant à voir les enseignants dits contractuels jouir à leur tour de la qualité de fonctionnaire public. Face à la multiplication des grèves, l’exécutif a posé un autre ultimatum qui, d’un côté, a attisé davantage la colère des enseignants mais, d’un autre, a poussé certains à se rétracter. Il s’agit de procéder à des retenues sur les salaires des grévistes. La semaine en cours laisse entrevoir les prémices d’un retour à la normale.
Dans plusieurs établissements, les cours ont repris normalement et de nombreux enseignants ont exprimé leur volonté de vouloir sauver l’année scolaire. De son côté, la Coordination unifiée du corps enseignant et des cadres de soutien a annoncé la suspension de leur mouvement de protestations. De son côté, Abdelouahad Sehimi, membre de la Coordination nationale du secteur de l’éducation, affirme que celle-ci ne jettera pas l’éponge. «Nous rejetons catégoriquement l’accord conclu entre le gouvernement et les syndicats parce que nous estimons que la démarche adoptée est excluante et ne repose pas sur une approche participative.
Ces réunions fermées entre ces deux parties ne servent pas notre cause et nous considérons que les personnes aux commandes ignorent quelles sont nos vraies revendications et nos principales préoccupations». D’après lui, la principale cause de cette crise réside dans l’absence de communication et pour y remédier, l’exécutif devrait essayer d’établir un contact direct avec les professionnels de l’éducation étant donné que nous sommes les principaux concernés. «Nous comptons poursuivre notre mouvement de contestation, quoique la cadence a plus ou moins baissé dernièrement car après trois mois de grèves en continu, la fatigue commence forcément à prendre le dessus», poursuit Abdelouahad Sehimi.
Par ailleurs, les enseignants regroupés au sein de ladite Coordination espèrent que le gouvernement donnera suite à leurs différentes doléances en traitant le problème à la source. «Il est primordial d’examiner notre dossier revendicatif et de nous proposer des solutions structurelles susceptibles de mettre un terme à cette crise. A commencer par améliorer nos conditions sociales et économiques, mettre en place un statut unifié qui soit réellement judicieux et équitable, procéder à l’augmentation de nos salaires de manière à nous permettre de faire face à la cherté de la vie», souligne Sehimi.
Pour rappel, le gouvernement et les centrales syndicales les plus représentatives ont signé dimanche 10 décembre un accord portant sur l'amélioration du salaire de tous les enseignants quels que soient leur statut et grade. Et ce, d’un montant mensuel net fixé à 1.500 dirhams, à verser en deux tranches égales (1er janvier 2024 – 1er janvier 2025). Aussi, l’attribution d’indemnités au profit de certaines catégories spécifiques. Toutefois, la Coordination nationale du secteur de l’éducation considère que tout n’est pas encore gagné.
«Dans un futur très proche, nous reviendrons en force et nous comptons encore descendre dans les rues pour clamer haut et fort nos droits légitimes tant que le gouvernement ne prendra aucune mesure concrète. Parmi nos revendications, je cite les dossiers relatifs aux doctorants qui rejettent le titre de chercheur assistant, celui des enseignants de la cellule 10 qui réclament le passage à l’échelle 10 ainsi que l’augmentation de leur salaire», insiste Abelouahad Sehimi.