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L’aval du secteur avicole peine à sortir de l’anarchie

L’aval du secteur avicole peine à sortir de l’anarchie

L’aval de la filière avicole accuse toujours un retard dans son développement. C’est le constat que tire la Cour des comptes dans son rapport au titre des années 2019 – 2020. 

Avec une production avoisinant les 700.000 tonnes en 2020, le secteur avicole est considéré comme l’un des secteurs phares de l’agriculture nationale. Par ailleurs, la Cour des comptes pointe du doigt l’exercice de l’activité avicole de façon informelle par « des unités non autorisées ». 

La mission d’évaluation de la filière avicole effectuée par cette juridiction financière a permis de déduire qu’en comparaison avec l’amont de la filière, comprenant la fabrication d’aliment, l’incubation et l’élevage, « qui a connu des avancées notables en matière de mise à niveau des unités avicoles », l’aval, incluant l’abattage ainsi que la valorisation et la commercialisation des produits, reste par ailleurs dominé par l’anarchie. 

En effet, le secteur avicole est caractérisé par une prédominance du marché du vif. Ainsi, la Cour souligne que près de 92% des viandes de volailles est commercialisé à l’état vif, à travers les tueries artisanales, communément appelées « Riachates », où l’abattage se fait dans des conditions qui ne répondent pas aux normes minimales d’hygiène et ne respectent pas la loi n°49-99, relative à la protection sanitaire des élevages avicoles au contrôle de la production et la commercialisation des produits avicoles, entrée en vigueur depuis 2006. 

Dans ce sens, la même source fait remarquer que l’interdiction du commerce simultané, dans un même local, des volailles vivantes et des viandes de volailles, en vertu de l’article 17 de ladite loi, n’a pas déclenché de dynamique de mise à niveau des Riachates. Selon la Cour, ceci est dû, notamment, à l’absence de dispositions relatives à l’application de sanctions en cas de contravention et à l’insuffisance de sensibilisation des consommateurs.

« Une grande partie de la production avicole passe à travers les Ryachates. Le Maroc compte actuellement près de 15.000 abattoirs traditionnels, soit 80% du marché. L’abattage à travers les tueries artisanales ne remplit pas les conditions sanitaires nécessaires et peut même représenter un danger pour la santé des consommateurs », souligne Chaouki Jerrari, directeur de la fédération interprofessionnelle du secteur avicole (FISA). 

Alors que l’abattage traditionnel représente 80% du marché de la volaille marocain, l’abattage moderne ne détient que 20%, avec uniquement 27 abattoirs modernes certifiés par l’ONSSA. 

« En mai 2019, une circulaire conjointe du ministère de l’Agriculture et du ministère de l’Intérieur a été diffusée auprès des walis et gouverneurs, afin de mettre à niveau les tueries traditionnelles, dans le cadre d’un cahier de charge qui définit un certain nombre de mesures sanitaires pour améliorer les conditions d’abattage. Mais jusqu’à présent, rien n’a été fait et cela est principalement dû à un manque de volonté des autorités locales. Sans oublier que même la pandémie a largement ralenti cette opération », précise Jerrari. 

Rappelons qu’en novembre dernier, la FISA a mis en place un programme visant à encourager et accompagner les porteurs de projets d’installation d’abattoirs avicoles agréés de faible capacité. A travers ce programme, la Fédération ambitionne d’accompagner les porteurs de projets dans le processus d’élaboration des dossiers sanitaires et techniques exigés par les services de l’ONSSA, d’assurer le suivi de la réalisation du projet en plus de prendre en charge entre 50 et 70% du coût de l’étude.

 

Par M. Ait Ouaanna

 

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