Les opérateurs économiques marocains sont quasi-unanimes (97,5%) à penser que le modèle de développement actuel a atteint ses limites et qu'il doit nécessairement évoluer pour plus d’efficacité. C’est ce qui ressort d’une récente enquête menée par le Centre marocain de conjoncture (CMC) durant le premier trimestre 2018.
Pour la quasi-unanimité des industriels, il faut procéder à la transformation en profondeur du modèle de développement en raison de la persistance des inégalités sociales et territoriale, la faiblesse de la capacité de création d’emploi et l’aggravation du chômage.
Cette transformation est aussi nécessaire eu égard à l’essoufflement de la croissance, la déficience du système de gouvernance, la faible diversification productive, l’insuffisance de la compétitivité, la faiblesse du secteur exportateur, la faible convergence vers les pays émergents, la faiblesse des rendements des investissements et la détérioration des équilibres financiers, précise le CMC.
Le CMC fait savoir à ce propos que dans le cas d’une éventuelle révision du modèle de développement de l’économie nationale, 85,7% des industriels sondés pensent que la nouvelle stratégie doit combiner le développement du marché intérieur et l’intégration des marchés internationaux, tandis que 28,6% proposent une stratégie de compétitivité, d’ouverture, d’intégration des marchés internationaux et d’exportation et 11,9% n’écartent pas une stratégie axée principalement sur le développement du marché intérieur.
La réussite d’une telle stratégie doit, selon les patrons marocains, s’appuyer en priorité sur le développement régional et la réduction des inégalités pour 75% d’entre eux. L’amélioration des performances économiques et la convergence vers les standards des pays émergents viennent en second lieu. C’est ce que confirment, respectivement, environ 59,5% et 54,8% des sondés.
Ainsi, l’éducation, la formation, le renforcement des compétences et le développement du capital humain viennent en tête des leviers sur lesquels il faudrait agir pour relever ce défi, selon 18% des chefs d’entreprises.
Ils sont suivis, entre autres, par l’accélération des réformes visant notamment l’amélioration du climat des affaires, des performances de l’administration, du système fiscal, du système judiciaire et la décentralisation (16%) et l’amélioration du système de gouvernance (14%).
Par ailleurs, le CMC indique que 66,7% des responsables d’entreprises pensent que le rôle que devrait jouer l’Etat dans le nouveau modèle de développement de l’économie marocaine est, surtout, celui de facilitateur, de régulateur, de partenaire et d’accompagnateur des initiatives privées.
Un Etat intervenant par le biais du secteur public dans l’économie (Etat développeur) n’est apprécié que par 23,8% des personnes sondées, alors qu’un Etat fixant les choix stratégiques à long terme et les conditions de leur réalisation (Etat stratège) est souhaité par 50% des opérateurs.
Dans cette perspective, les opérateurs du secteur privé se disent prêt à participer à une dynamique qu’impose la nécessaire évolution du modèle de développement de l’économie marocaine. Les secteurs à dynamiser davantage dans le nouveau modèle de développement sont en priorité le secteur industriel et les activités de service, suivis de l’agriculture, de l’énergie et du secteur touristique.
Selon les résultats de l'enquête, les options stratégiques privilégiées par les industriels sont successivement le développement de l’économie sociale et solidaire, le développement de l’économie numérique et le développement de l’économie verte.■