La Chambre de commerce britannique pour le Maroc a organisé un webinaire sous le thème : « Accord commercial et d'association Maroc-Royaume Uni : Quelles opportunités pour 2030». L'événement a connu la participation d’une centaine de membres de la Chambre, de représentants du secteur public et d’entreprises privées.
Intervenant lors de cet événement, William Bain, responsable de la politique commerciale à British Chambers of Commerce a rappelé que l’accord de continuité entre le Royaume-Uni et le Maroc a permis une augmentation significative des échanges bilatéraux, qui atteignent aujourd’hui 3,8 milliards de livres sterling par an. Cette croissance s’accompagne d’une diversification des biens et services échangés, témoignant de la solidité et du dynamisme de cette relation.
« Nous avons une relation solide que nous souhaitons renforcer, notamment dans des domaines stratégiques comme les investissements directs étrangers et le commerce numérique, » a déclaré Bain. « Le commerce digital, en particulier, représente une opportunité majeure pour améliorer la fluidité des échanges de biens et de services entre nos deux pays. »
Par ailleurs, Bain a indiqué que le Royaume-Uni est actuellement en consultation sur sa stratégie commerciale. Une priorité clé est la réduction des barrières commerciales avec ses marchés stratégiques, y compris le Maroc. « Nous explorons des moyens concrets d’améliorer les procédures douanières pour réduire les délais et les coûts portuaires, ainsi que de renforcer la coopération sur les règlements techniques, » a-t-il précisé. Ces ajustements pourraient être intégrés dans des accords bilatéraux ou multilatéraux, tels que l’accord de l’OMC sur le commerce électronique.
Il a également souligné l’importance de s’aligner sur la dynamique croissante en Afrique, notamment à travers la Zone de libre-échange continentale africaine, qui reflète une ambition et une confiance accrues dans le commerce des services. « Ce potentiel doit être intégré dans nos relations commerciales avec le Maroc, » a affirmé Bain.
Enfin, Bain a mis en lumière le potentiel significatif des investissements dans les infrastructures. « Les niveaux actuels d’investissements directs étrangers entrants et sortants sont bons, mais il existe une marge de progression notable. De nombreuses entreprises britanniques souhaitent investir dans des projets d’infrastructure de haute qualité et stables dans des pays comme le Maroc, avec lequel nous entretenons des relations mutuellement bénéfiques depuis des décennies, » a-t-il déclaré.
« Le Maroc est aujourd’hui dans le top 50 des partenaires commerciaux du Royaume-Uni, et nous voyons un avenir prometteur pour approfondir et diversifier encore davantage nos échanges, » a conclu Bain.
Interrogé sur les principales recommandations du Policy Paper publié par l’Institut marocain de l’intelligence stratégique (IMIS), Najib Benamour, secrétaire général dudit institut, a mis en avant plusieurs axes :
∙ Diversification des secteurs de coopération : aller au-delà des secteurs traditionnels comme l’agriculture et l’infrastructure pour inclure la technologie, les énergies renouvelables et l’éducation.
∙ Optimisation des chaînes logistiques : simplifier les processus douaniers et réduire les délais d’acheminement.
∙ Encouragement des investissements croisés : créer des mécanismes financiers innovants et renforcer le climat d’affaires.
Benamour a également souligné qu’un accord de libre-échange complet offrirait des avantages significatifs pour les entreprises marocaines et britanniques. Il faciliterait l’accès élargi des entreprises marocaines au marché britannique, à condition de respecter les normes internationales, tout en positionnant le Maroc comme une plateforme stratégique pour les entreprises britanniques souhaitant accéder aux marchés africains. De plus, la réduction des barrières tarifaires et non tarifaires renforcerait la solvabilité des entreprises, améliorant ainsi leur liquidité et leur capacité d’investissement.
Enfin, Sofia Akhtar, responsable de la politique commerciale et de l'accès aux marchés - Département des affaires et du commerce, a mis en lumière la richesse historique et le potentiel croissant des relations commerciales entre le Royaume-Uni et le Maroc. « Les liens entre nos deux royaumes
s'étendent sur plusieurs siècles, depuis la signature du premier traité anglo-marocain en 1625. Aujourd'hui, ces bases historiques solides soutiennent une coopération économique florissante, » a déclaré Akhtar.
Parmi les initiatives récentes, la révision des tarifs agricoles, lancée en 2023, vise à libéraliser davantage le commerce des produits agricoles et à lever les barrières non tarifaires, ce qui renforcera l’accès mutuel des produits agricoles aux marchés.
Akhtar a également souligné les secteurs prioritaires pour le partenariat bilatéral, notamment les énergies renouvelables, l’éducation, les infrastructures et les technologies numériques. Elle a mis en avant le lancement du campus marocain de l’Université Centry à Casablanca et les opportunités offertes par des projets d’envergure, comme les investissements liés à la Coupe du Monde 2030 et les initiatives de transition énergétique du Maroc, dont l’objectif est de produire 52 % de son électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030.
« Des entreprises britanniques collaborent déjà avec des partenaires marocains dans des domaines clés, tels que l’hydrogène vert et les technologies propres. Cette coopération témoigne du potentiel immense de notre partenariat pour répondre aux enjeux d’aujourd’hui et de demain, » a-t-elle affirmé.
En conclusion, Akhtar a rappelé que la stratégie industrielle du Royaume-Uni, axée sur la croissance durable et l’innovation, offre un cadre propice pour renforcer et moderniser ce partenariat stratégique.
Ce webinaire a démontré l’ambition partagée des deux pays à approfondir leurs relations économiques et à explorer des opportunités nouvelles et stratégiques pour les années à venir.