On le disait tantôt sur ces colonnes: on perd plus de temps à courir après son argent qu’on en met pour en gagner.
Le diagnostic sur les délais de paiement et leur allongement qui asphyxie plusieurs entreprises a été fait et refait.
Avec une conclusion inéluctable : il s’agit d’une véritable menace pour l’économie nationale.
C’est pourquoi d’ailleurs l’Etat a fait de la résolution de ce problème une priorité.
L’objectif étant de pousser les entités publiques à régler leurs fournisseurs, notamment les PME et TPE, au bout de 60 jours.
Sauf que le plus gros problème qui grippe actuellement la machine du business reste les crédits interentreprises : elles culminent à presque 390 Mds de DH, selon les chiffres d’Inforisk.
Tout dernièrement, l’argentier du Royaume s’est exprimé sur la question.
«Pour l’heure, nous nous abstenons de légiférer en la matière et préférons que le secteur privé règle ce problème. Ce qui n’empêche pas le gouvernement et la CGEM de travailler ensemble afin d’identifier des pistes de solution», a déclaré Mohamed Benchaâboun.
Sauf qu’il faut se rendre à l’évidence : le privé ne peut régler seul ce problème endémique des délais de paiement.
Et puisque c’est toute l’économie nationale qui souffre de ce fléau, la solution doit venir de l’Etat, au nom de la «responsabilité collective».
Il faudra alors que les autorités aient le courage de passer à un autre niveau : les sanctions.
Cette piste, le PDG de CIH Bank, Ahmed Rahhou, l’avait déjà évoquée il y a quelques mois.
Selon lui, il faut sanctionner les mauvais payeurs en tapant sur le portefeuille, notamment à travers des sanctions fiscales, comme faire perdre à certaines factures restées longtemps impayées leur caractère de déductibilité de la base imposable.
Pourquoi pas, d’autant que la loi régissant les délais de paiement n’est pas respectée ?
Mais franchira-t-on ce palier ?
En France, pays qui nous inspire beaucoup et qui vit cette même problématique, on ne badine plus avec ça.
En début de semaine, Les ciments Calcia, France Manche, la branche française d'Eurotunnel, et l'assureur MMA se sont vu infliger des amendes allant de 500.000 à 670.000 euros pour retards de paiement.
«C’est un signal fort adressé aux mauvais payeurs : les sanctions prononcées seront dorénavant à la hauteur des dommages qu’ils induisent sur l’économie», a affirmé, à ce titre, la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Economie et des Finances, Agnès Pannier-Runacher.
En 2018, au total 263 décisions de sanction avaient été notifiées aux entreprises contrôlées.■