«Deux ans après le Printemps arabe, l'intégration économique du Maghreb est indispensable». C’est le titre de l’article publié par le ministre marocain de l’Economie et des Finances sur le site lemonde.fr. Rassurez-vous, pas en tant que journaliste, mais en sa qualité d’argentier du Royaume. La démarche est assez inédite pour être relevée. L’analyse qu’il y livre est tout autant pertinente. Extraits.
"(...) Au premier chef, la stabilité s'impose à tous comme l'élément central, un préalable indispensable pour l'ensemble des acteurs économiques d'Afrique du Nord et leurs partenaires internationaux (…) L'enjeu pour la région est en réalité de générer de la croissance, de lutter contre le chômage, notamment celui des jeunes, et de répondre aux fortes attentes sociales afin de produire une dynamique de confiance permettant aux différents pays de s'engager à nouveau sur les chemins de l'émergence, qu'ils ambitionnaient d'emprunter avant même le déclenchement de la crise financière internationale de 2007.
… Pacte de croissance transmaghrébin
(…) Le choix de l'intégration économique – qui nécessite une décision politique - pourrait ainsi se matérialiser autour d'un «pacte de croissance transmaghrébin» qui transcenderait aussi bien les agendas particuliers que les rivalités de voisinage, au nom d'une ambition commune et d'un projet fédérateur : une prospérité partagée par tous et l'instauration d'une société de confiance au Sud de la Méditerranée (…) Selon les estimations les plus pessimistes, la complémentarité des économies du Maroc, de l'Algérie, de la Mauritanie, de la Tunisie, de la Libye mais également de l'Egypte pourrait en effet générer près de deux points de PIB supplémentaires par an et par pays, permettant ainsi à chacun de mieux répondre aux aspirations des populations (…) A cet égard, et partant de sa proximité civilisationnelle et de ses liens historiques avec le Sahel, le Maroc est à même d'apporter sa contribution à l'établissement d'un climat de stabilité dans la région (…) Le Maroc est à même de participer de façon active à une intégration économique réelle du Maghreb et faciliter une articulation harmonieuse entre le Moyen-Orient et l'Afrique sub-saharienne, réconciliant ainsi la capacité d'investissement des pays du Golfe avec le potentiel de croissance du sud, selon un schéma triangulaire. Mieux intégré, impliqué dans la résolution de la crise sahélienne, à même de servir de pont entre l'Afrique, l'Europe et le Moyen-Orient, le Maghreb reviendrait ainsi à sa vocation première : devenir un carrefour régional, catalyseur de richesses et pôle de stabilité. Une partie de l'avenir du monde se jouera sur cette capacité de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient à endosser ce rôle".