Tel est pris qui croyait prendre. Omicron vient de donner une belle leçon aux autorités marocaines. Elles qui croyaient avoir tout mis en œuvre pour l’empêcher de poser «pied» sur le territoire national.
Le Maroc a en effet très tôt annoncé la couleur, en décidant d’abord de suspendre les liaisons aériennes avec la France, puis en interdisant l’accès au territoire à 7 pays d’Afrique australe, avant de muscler les restrictions en bouclant carrément ses frontières aériennes.
Cela n’a pas empêché Omicron de se signaler, le mercredi 15 décembre, à Casablanca. En réalité, il était déjà là, tapi dans l’ombre, d’autant que le ministère de la Santé a informé que la jeune femme infectée n’avait pas voyagé à l’étranger.
S’il se trouve, Omicron s’est déjà bien propagé au sein de la population. On peut le supposer, puisqu’il est réputé beaucoup plus contagieux que le variant Delta. Les chiffres des prochains jours nous donneront certainement une idée de sa diffusion sur le territoire.
En Europe, il est prévu qu’il y sera dominant d’ici mi-janvier. Sa contagiosité est telle que l’Organisation mondiale de la santé a alerté, mardi dernier, sur le fait qu’aucun variant ne s’est jusqu’à présent propagé aussi vite qu’Omicron.
Plus contagieux et moins mortel, mais plus de victimes
Plus contagieux, Omicron serait a priori moins létal. Est-ce pour autant rassurant ? A l’évidence non. «Nous sommes préoccupés par le fait que les gens considèrent Omicron comme bénin. (...) Même si Omicron provoque des symptômes moins graves, le nombre de cas pourrait une fois de plus submerger les systèmes de santé qui ne sont pas préparés», fait savoir le DG de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Mais le raisonnement mathématique de l’épidémiologiste britannique, Adam Kucharski, repris par Le Monde, est encore plus inquiétant. En prenant pour point de départ 10.000 cas de la Covid-19, il conclut que :
• avec un taux de létalité de 0,8% et un taux de reproduction du virus de 1,1, le coronavirus «habituel» causerait, après trente jours de propagation libre, 129 morts;
• en augmentant le taux de mortalité de 50%, le nombre de morts serait de 193 après la même période;
• en augmentant la contagiosité de 50%, le nombre de cas croîtrait nettement plus vite, et provoquerait… 978 morts.
Conclusion : même si Omicron est plus contagieux et a priori moins mortel, il pourrait tuer beaucoup plus de personnes.
Cela explique certainement l’inquiétude des autorités marocaines, qui se sont empressées, dès la détection du premier cas à Casablanca, de suspendre, dès le 23 décembre, le rapatriement des Marocains bloqués à l’étranger. Et ce, malgré les mesures de précaution drastiques mises en place pour les accueillir.
La vaccination peut néanmoins être un sérieux rempart contre Omicron. Sauf que si plus de 22,8 millions de personnes ont reçu deux doses de vaccin, seul 2,2 millions de citoyens ont fait leur injection de rappel, sans compter tous ceux qui ne sont pas vaccinés et qui restent des véhicules de choix pour la circulation du virus.
Compte tenu de tout cela, il y a effectivement de quoi avoir la trouille, même si pour l’instant la situation épidémiologique au Royaume est sous contrôle. Restons donc vigilants !
D. W.