◆ Le nombre de sites n’a cessé de se développer sous l’effet du PMV, de l’immobilier et des marchés publics.
◆ Le secteur, qui reste dominé par l’informel, nécessite une réorganisation.
Par C. Jaidani
L'activité des pépinières a nettement évolué ces dernières années, aidée en cela par la hausse de la demande. Contrairement aux autres activités agricoles, la filière ne nécessite pas de grandes superficies et elle est très peu touchée par les aléas climatiques, puisque les plantes sont soigneusement entretenues et conservées dans un milieu protégé et irrigué.
Vu son système d’exploitation intensif, le volume d’eau mobilisé n’est pas aussi important que pour un système de culture extensif. Elle assure par ailleurs une marge intéressante.
L’essor de cette activité s’explique par différents facteurs. Tout d’abord, le Plan Maroc Vert (PMV) lancé en 2008 a encouragé l’arboriculture dans le cadre d’un vaste programme de reconversion des exploitations céréalières. La stratégie avait pour objectif de stabiliser et d’améliorer le revenu des agriculteurs concernés en les orientant vers des filières à haute valeur ajoutée.
A travers un mécanisme dédié, l’Etat encourage ces nouvelles cultures, notamment les plus faciles à déployer et à exploiter comme l’olivier, le figuier, les agrumes ou le caroubier (kharoub). Le Fonds de développement agricole (FDA) octroie des subventions pour les agriculteurs concernés à l’achat des plantes, le travail du sol et l’équipement des exploitations.
La plupart de ces pépinières sont localisées dans le milieu rural, tout près des exploitations agricoles. Il existe d’autres types de pépinières qui sont plus tournées vers l’approvisionnement des projets immobiliers, notamment les villas, les résidences collectives et aussi les jardins publics et les espaces verts. Victime de son succès, le nombre de ce genre exploitations n’a cessé de se multiplier. Sur les routes de la périphérie des villes, l’ouverture de nouveaux sites devient de plus en plus fréquente.
Il n’existe aucun chiffre officiel qui donne une idée sur leur nombre, de l’effectif des personnes employées ou de leur chiffre d’affaires, du fait que la plupart opèrent dans l’informel, surtout celles de petites tailles. «Il existe des pépinières qui sont bien organisées et déclarées, qui emploient des techniciens et des personnes spécialisées et qualifiées. Outre la clientèle privée, elles répondent même à des demandes des institutions publiques comme les communes ou autres organismes à travers des appels d’offres nécessitant des critères très spécifiques», souligne Mohamed Labib, ingénieur en horticulture, secrétaire général de l’Association des propriétaires de pépinières au Maroc. Il souligne que «cette activité nécessite un savoirfaire et de l’expérience.
Ces derniers temps, nous avons remarqué qu’il existe de nombreux intrus dans le secteur, qui ne disposent pas des qualifications requises. Ce sont plutôt des intermédiaires qui achètent les plantes chez d’autres pépiniéristes pour les revendre. C’est un marché très juteux, mais qui génère parfois des pratiques frauduleuses qui portent atteinte à la notoriété des professionnels. Il est donc essentiel d’organiser le secteur».
Conscientes de l’intérêt du digital au niveau marketing et commercial, plusieurs pépinières ont commencé à proposer leurs produits et services online. Ces sites sont plutôt spécialisés dans les plantes d’ornement et des jardins comme les palmiers, les fleurs, le gazon ou autres arbustes. Ils proposent également des plantes exotiques importées spécialement de plusieurs contrées du monde, notamment du Japon, d’Indonésie ou de l’Amérique latine. Ces pépinières ciblent une clientèle branchée. Elles sont implantées essentiellement tout près des grandes villes, notamment Marrakech, Rabat et Casablanca.