Les pays africains peuvent-ils se passer du financement extérieur, précisément d’institutions financières internationales comme le Fonds monétaire international ou encore la Banque mondiale ?
Cette interrogation renvoie forcément à la souveraineté économique des Etats dans la conduite de leurs politiques publiques.
S’ils affirment avec force ne pas subir le diktat de ces organismes internationaux, l’on sait bien, cependant, que l’apport financier que consent une institution comme le FMI est souvent conditionné, de façon très diplomatique cependant, par nombre de réformes structurelles et le respect d’une certaine orthodoxie financière.
Ne pas y adhérer, c’est s’exposer à se voir fermer les robinets.
Cette empreinte visible du FMI sur la conduite de la politique économique tend à agacer.
C’est d’ailleurs ce qui a poussé le Ghana à décider de se libérer des mailles du Fonds en avril dernier, après avoir bénéficié de son aide de 2015 à 2018, pour un montant global de 918 millions de dollars.
Comme l’a réaffirmé mardi dernier le président Nana Akufo Addo, en marge de l’Africa Investment Forum à Johannesburg, le Ghana "peut se passer de l’assistance du FMI".
"Après 60 ans d’indépendance, il est clair que nous voulons avoir plus de marge de manœuvre, plus d’indépendance dans nos politiques publiques", a souligné Akufo Addo.
Le soutenir est une chose, mais la réalité est autre.
L’emprunt obligataire émis en août dernier a été flop, malgré un rende-ment proposé de 20% sur une maturité de 20 ans : l’émission n’a permis de mobiliser que 162,1 million de cedis (30 millions de dollars), alors que l’Etat ghanéen en visait 450 millions.
Sans la tutelle du FMI, la confiance des investisseurs envers l’Etat en a pris un coup.
Toutes choses égales par ailleurs, le Maroc loge à la même enseigne.
Le FMI, laudateur de la politique économique du Royaume avec lequel il a signé quatre lignes de précaution et de liquidité (LPL), s’octroie naturellement un droit de regard (appuyé) sur la conduite des stratégies publiques, même si le gouvernement s’en défend.
Et le Maroc fait logiquement profil bas, surtout qu’il compte bientôt sortir sur les marchés financiers internationaux.
D. William