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Transport aérien : une année de turbulences

Transport aérien : une année de turbulences

Difficile de faire montre d’optimisme en ce début d’année en matière de transport aérien : le moral est dans les chaussettes… Rien de bien encourageant par suite du bilan 2020-2021 et des perspectives qui se présentent en 2022.

La situation est cependant différenciée, suivant les compagnies aériennes. Une distinction est en effet à faire entre les compagnies régulières ou nationales, et celles dites low cost. Il faut aussi affiner sur cette même base entre les pays : ceux qui ont fortement subi les contraintes sanitaires, et les autres qui ont opté pour des mesures «à la carte», suivant l’état épidémiologique. Enfin, un autre paramètre : celui de la dimension du marché intérieur. Dans tout cela, les compagnies low cost n’ont pas échappé sans doute à la tendance générale de la chute exceptionnelle du trafic aérien; mais elles ont été moins sinistrées par suite de ce que l’on pourrait appeler leur agilité ou leur adaptabilité.

C’est qu’en effet, elles disposent d’un avantage compétitif dans l’optique d’une reprise (maîtrise des coûts, réduction des salaires, gestion et commercialisation digitale,…). De plus, elles supportent moins d’endettement que les grandes compagnies. En tout cas, ces compagnies low cost tablent pour l’Europe sur un retour du trafic pré-Covid dès 2022 ou 2023 au plus tard; pour les autres continents, les prévisions sont moins maîtrisables. Les grandes compagnies, elles, sont moins optimistes et retiennent plutôt 2025.

Qu’en est-il au Maroc ? Selon le rapport des Etablissements et entreprises publics (EEP) – annexé à la Loi de Finances pour 2022 –, le retour des volumes de trafic d’avant-pandémie se ferait à partir de 2024; il s’inscrirait dans une tendance en amélioration dès cette année. Il est ainsi prévu une reprise progressive estimée en 2022 à 60% du niveau de celle de  2019 (14 millions de passagers). Puis à 80% en 2023 (20 millions de passagers), avant de retrouver, en 2024, une activité normale proche de celle de l’année 2019 (25 millions de passagers). Pour soutenir ses activités post-relance, l’Office national des aéroports (ONDA) prévoit des investissements de l’ordre de 5 milliards de DH sur la période 2022-2024, et ce dans le cadre d’un plan stratégique. Les projets retenus intéressent la modernisation de plateformes aéroportuaires (Rabat, Tanger, Agadir, Dakhla, Tétouan et Al Hoceima). Tenu le 10 janvier courant, le Conseil d’administration a validé ces prévisions ainsi que des recettes prévisionnelles de survol devant s’établir à 67% du niveau de celles de 2019.

La situation de la compagnie nationale RAM, elle, est très difficile, critique même. En mars dernier, cette entreprise a déposé une demande de crédit de 2,4 milliards de DH garanti par l’Etat, à un pool bancaire dont Attijariwafa bank est le chef de file. Elle a obtenu un crédit de 7 ans avec deux années de différé. Un plan de restructuration a été également adopté.

L’Etat a ainsi accordé une subvention de 3,4 milliards de DH pour le maintien de la flotte. La dynamique de redressement de la compagnie nationale a été freinée et fortement entravée avec la pandémie en 2020-2021. Et la mise à l’arrêt de la flotte coûte environ 2 milliards de DH par année. Pour la fin de ce mois de janvier, les comptes se sont encore sensiblement dégradés. Un dossier est sur la table du département du Transport et du chef du gouvernement…

 

 

Par Mustapha SEHIMI, Professeur de droit, politologue 

 

 

 

 

 

 

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