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Algérie : Les droits de l’Homme à géométrie très variable

Algérie : Les droits de l’Homme à géométrie très variable

Ph. Majda Moutchou

Il faut décidément avoir le cœur bien accroché pour suivre les prises de parole de l’Algérie aux Nations Unies, grande adepte des  contorsions oratoires. Surtout lorsqu’il s’agit de parler de droits humains, tout en faisant mine d’ignorer ce qui se passe dans son propre arrière-cour : les tristement célèbres camps de Tindouf.

Lundi 24 mars, au siège new-yorkais de l’ONU, le représentant algérien a cru bon de ressusciter sa vieille rengaine préférée : élargir le mandat de la MINURSO à la question des droits humains. Une belle ineptie.

Sauf que dans la salle, personne n’a été dupe. Et surtout pas Majda Moutchou, représentante permanente adjointe du Maroc, qui a calmement, mais fermement, renvoyé l’ambassadeur algérien à ses contradictions.

«Une délégation, la seule parmi les nombreuses délégations qui ont pris la parole devant le Conseil lors de ce débat, a mentionné la composante des droits de l’Homme et a essayé de la lier à la MINURSO», a-t-elle rappelé, avant de décocher, avec une précision chirurgicale, cette formule qui restera : «une masterclass en manipulation politique sélective».

Manipulation ? Le mot est fort. Et pourtant.

Comment expliquer autrement ce regain de passion algérienne pour les droits humains, exclusivement lorsqu’il s’agit du Sahara marocain, alors que dans les camps de Tindouf, situés sur le territoire algérien, faut-il le rappeler, des milliers de Sahraouis sont toujours privés de leurs droits fondamentaux ?

«Le droit à l'autodétermination ne peut être un outil politique utilisé de manière sélective, invoqué par certains et ignoré par d'autres. Ce n'est pas une carte jouée par commodité», a encore souligné Moutchou, en réponse à la mention par l’ambassadeur algérien du droit à l’autodétermination.

Une manière d’éclairer un auditoire dont les tympans ont trop souvent été exposés aux décibels idéologiques de la diplomatie algérienne.

Car c’est bien là où le bât blesse : l’Algérie use du droit international comme d’un menu à la carte. Elle choisit les articles qui l’arrangent, feint d’oublier les autres et se réserve le droit, unilatéral bien sûr, de décider quels peuples ont droit à l’autodétermination et quels autres doivent se taire.

Quant à la MINURSO, faut-il encore rappeler qu’elle a un mandat clair : superviser le cessez-le-feu. Pas faire office de grand inquisiteur des droits humains.

D’ailleurs, comme l’a rappelé Moutchou, «sept opérations de paix de l'ONU sur onze ne disposent pas de mandat de surveillance des droits humains». Et ce n’est pas un hasard. C’est le Conseil de sécurité lui-même qui l’a voulu ainsi. Il sait faire la différence entre situations réelles de conflit et instrumentalisation politique.

Mais dans l’histoire, ce qui choque le plus, ce n’est pas tant le discours prévisible du diplomate algérien que son silence assourdissant sur les souffrances endurées par les populations de Tindouf. Un silence gênant. Un silence complice.

«Les camps de Tindouf, situés sur le territoire algérien, [sont des lieux] où la population vit sous une oppression quotidienne, privée de ses droits fondamentaux et soumise à de sévères restrictions de mouvement et des violations flagrantes du droit international», a rappelé Moutchou.

Alors que le Maroc ouvre ses portes aux experts onusiens, coopère avec les mécanismes internationaux des droits humains et traduit ses engagements en actions concrètes, l’Algérie, elle, verrouille, bâillonne et instrumentalise.

Et puisqu’on parle de mémoire sélective, rappelons à nos chers voisins que l’Histoire, elle, ne souffre pas d’amnésie. «Le Sahara a toujours fait partie intégrante du Maroc. Il est Marocain et le restera à jamais. Il ne s'agit pas d'une revendication fondée sur des événements récents, mais du reflet de siècles de liens historiques, culturels et géographiques», a conclu la diplomate marocaine.

Il serait peut-être temps que certains s’en souviennent. Même si leur mémoire s’use avec le temps.

F. Ouriaghli

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