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Algérie - France : Le gel des avoirs, l’arme fatale de Paris

Algérie - France : Le gel des avoirs, l’arme fatale de Paris

Les tensions entre la France et l’Algérie atteignent un nouveau palier, Paris brandissant la menace du gel des avoirs de hauts dignitaires algériens. Pendant ce temps, Rabat affine sa stratégie diplomatique, engrange les soutiens sur la question du Sahara marocain et s’impose comme un acteur fiable.

A Paris, les fonctionnaires du ministère de l’Intérieur et de Bercy peaufinent une liste digne des grandes heures de la Guerre froide : une vingtaine de hauts responsables algériens (dignitaires, généraux, ministres et autres piliers du régime de Tebboune) pourraient bientôt se voir privés de leurs comptes bancaires, villas cossues et autres biens de prestige nichés dans les beaux quartiers de Neuilly, Cannes ou même du 16ème arrondissement. C’est le journal français l’Express qui donne l’information.

La raison ? La multiplication des «actes d’ingérence».

Face à cette menace, Alger a réagi avec panache… via l’APS. Dans une dépêche enflammée, l’agence officielle algérienne tonne : «L’Algérie, son peuple, son gouvernement et toutes ses institutions confondues leur disent chiche. Passez à l’acte» !

Mais sous cette posture guerrière, les signes d’inquiétude ne manquent pas. Car le pouvoir algérien sait que frapper au portefeuille fait beaucoup plus mal que mille discours.

Dans un pays où l’élite politique aime vilipender la France le matin, pour ensuite s’y faire soigner les dents ou y caser ses enfants l’après-midi, le gel des avoirs va faire de gros dégâts.

Surtout quand on sait, selon une source gouvernementale citée par L’Express, que «801 membres de la nomenklatura algérienne ont des intérêts financiers en France et viennent en France régulièrement».

 

Malaise profond

Ce feuilleton franco-algérien, fait de renvois de diplomates, de suspension de visas et de joutes verbales, pourrait prêter à sourire s’il ne révélait pas un malaise plus profond : l’Algérie s’isole, se fâche avec de plus en plus de pays (France, Burkina Faso, Mali, Niger, Maroc…) et voit ses alliances historiques voler en éclats.

C’est le cas avec le Kenya, naguère bastion diplomatique du polisario, où Alger a été obligée de dépêcher en urgence son ambassadeur pour tenter d’éteindre l’incendie après le soutien de Nairobi à l’initiative marocaine d’autonomie, le 26 mai dernier.

A Nairobi comme à Damas, les alliés d’hier virent de bord, optant pour le réalisme au lieu des slogans usés. Même la Syrie, en pleine opération de normalisation internationale, a fermé le bureau du polisario, tandis que le Maroc s’apprête à rouvrir son Ambassade à Damas.

 

Pendant ce temps-là, à Rabat…

Dans ce grand jeu diplomatique, le Maroc avance sans bruit, mais avec méthode. Pendant qu’Alger s’embrouille avec tout le monde, Rabat consolide ses alliances, multiplie les reconnaissances internationales de sa souveraineté sur le Sahara et développe des partenariats stratégiques à l’échelle africaine et au-delà.

En l’espace de quelques jours, la Slovaquie, le Burundi et le Kenya ont réaffirmé leur appui à l’initiative marocaine d’autonomie. 

Et ce dimanche 1er juin, Londres a qualifié le plan d’autonomie marocain de solution “crédible, viable et pragmatique”, réaffirmant son soutien aux efforts de l’ONU sous l’égide de Staffan de Mistura. Dans la foulée, UK Export Finance est prêt à soutenir des projets au Sahara marocain, dans le cadre d’un engagement global de 5 milliards de livres Sterling pour le développement au Maroc.

Dans le sillage des Etats-Unis et de l’Espagne, la France, elle aussi, ne cache plus sa position : le Sahara est marocain.

Même à l’ONU, le Maroc pousse ses pions avec habileté. Omar Hilale, représentant permanent du Royaume, résume en une phrase la tendance lourde qui se dessine.

«Le Sahara est Marocain par l’histoire, le droit et la libre expression de ses populations. Il est désormais temps aux autres parties de le reconnaître et de construire ensemble un avenir de paix, de stabilité et de coopération pour notre région et pour notre continent», a-t-il affirmé lors du séminaire régional du Comité des 24 de l’ONU (C24) pour le Pacifique, réuni du 21 au 23 mai à Dili, au Timor-Leste.

Et effectivement, de plus en plus de capitales font ce choix. Car derrière l’initiative d’autonomie, il y a un projet concret, stable et porteur d’avenir.

Ce contraste entre la diplomatie algérienne et la diplomatie marocaine n’est pas nouveau, mais il s’accentue à mesure que les événements s’enchaînent.

Rabat trace sa route et capitalise sur une dynamique diplomatique bien huilée. Alger, elle, semble vouloir tout faire exploser. Et à Paris, on commence à préférer les interlocuteurs fiables aux partenaires fantasques et versatiles.

Même sur le plan symbolique, la balance penche : alors que la France menace de geler les biens de hauts responsables algériens, elle étend sa coopération économique avec le Maroc, s’implique dans des projets structurants au Sahara et souligne la solidité du partenariat d’exception avec le Royaume.

En définitive, la posture de l’Algérie tient davantage de la politique intérieure que d’un projet diplomatique structuré. En attaquant la France, le régime tente de souder une opinion publique fracturée et dépitée par la crise sociale et l’immobilisme économique. Mais cette stratégie, utilisée également contre le Maroc, commence à s’essouffler.

Et la France semble avoir enfin compris qu’il était temps de cesser de ménager les susceptibilités d’un régime qui ne répond ni à ses obligations, ni à ses engagements.

 

F. Ouriaghli

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