Il a fallu que la situation dégénère pour que les autorités prennent vraiment la mesure de ce qui se passait à Al Hoceima. Ainsi, depuis quelques jours, cette province est subitement devenue une priorité nationale. Pour le gouvernement en tout cas. Qui multiplie les réunions et autres rencontres afin de sonner le glas de la mobilisation et activer les différents chantiers socioéconomiques lancés dans la région. La dernière réunion a d’ailleurs eu lieu lundi 5 juin, au cours de laquelle le message lancé par le chef de gouvernement, Saâd Eddine El Othmani, a été pour le moins clair : au nom des intérêts supérieurs du pays, il faut laisser de côté les susceptibilités politiques et œuvrer ensemble pour satisfaire les revendications économiques et sociales légitimes des habitants d’Al Hoceima.
L’engagement et la volonté de trouver rapidement une solution à ces mouvements de protestation sont donc bien là. Faut-il s’en réjouir ? Oui, bien évidemment. Quand bien même, convenons-en, le gouvernement a eu à faillir dans la gestion de cette crise, faisant tantôt preuve de maladresses. Mais mieux vaut tard que jamais.
L’impératif pour le gouvernement de répondre aux besoins et attentes des populations locales n’exclut pas cependant l’obligation de faire respecter la loi. Ce message aussi, les autorités ont tenu à le faire passer. Le nombre de personnes arrêtées et mises en détention ces derniers jours, 7 mois après le début des manifestations, en est la preuve. Pour dire que nul n’est au-dessus des lois de ce pays. C’est cela manier le bâton et la carotte.