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Algérie : Une fin annoncée

Algérie : Une fin annoncée

On le sait, quand le vent tourne, c’est sauve-qui-peut. Tout comme l’on sait que le délire a ceci de caractéristique : il légitime toutes les errances et justifie toutes les actions, surtout les plus dangereuses, tout en dédouanant celui qui délire. 

 

C’est exactement le diagnostic fait pour l’Algérie et pour une poignée de militaires qui sentent le mauvais vent tourner, essuyant coup après coup, camouflet après camouflet, débâcle après débâcle, désaveu après l’autre, depuis au moins les cinq dernières années où les équilibres des forces et des priorités régionales tant stratégiques que géostratégiques ont changé, prenant une nouvelle tournure. 

Ce qui met Alger sous pression, puisque les grandes puissances, tant l’Union européenne que les États-Unis d’Amérique, sans parler de la Chine et de la Russie, font des plans et des planifications pour l’avenir sans compter avec Alger. Le pays est l’un des derniers Etats arabes plongé dans une zone de grandes turbulences politiques et surtout sociales, qui laissent prévoir un chaos prochain, faisant voler en éclats les derniers bastions d’un pouvoir qui dirige toute un peuple avec le bâton et sans la carotte, le privant de tout, et surtout de ses droits humains les plus élémentaires.

Le tout, couplé à une grande pauvreté des populations, alors qu’une minorité de militaires et d’oligarques se partagent les rentes colossales du gaz et du pétrole, consacrant la précarité sociale et le désir profond du peuple algérien de se soulever pour renverser un régime liberticide et profondément corrompu, et ce à tous les étages de l’appareil de l’État.

De l’avis de tous les observateurs politiques dans le monde, et ce sans exception aucune, fait rare quand on se penche sur les réalités d’un pays, l’Algérie est considérée comme le pays qui a le plus de possibilité de garantir à ses populations une existence digne et un niveau de vie similaire à celui des pays scandinaves. 

Pourtant, le pays s’enfonce dans le bas des classements de tous les indices vitaux de tous les rapports sur le développement humain et les richesses dans le monde. L’Algérien ne demande pas pourtant une vie similaire à celle du Norvégien, avec les mêmes droits et les mêmes richesses. 
Il veut le strict minimum, ce que le pouvoir en place est incapable de lui fournir, malgré les dizaines de milliards de dollars de revenus des hydrocarbures.

Inutile de chercher l’erreur. Elle est évidente. Elle est criarde. Elle crève les yeux. L’argent remplit les comptes des généraux et de leurs sous-fifres dans des paradis fiscaux. Les miettes qui restent pour le peuple ne consacrent que le besoin grandissant de souffler, de respirer, d’avoir droit à une autre vie : équation impossible pour le régime en place, qui a érigé la fuite en avant comme unique mode de gouvernance, avec la répression et la matraque comme langage unique. Ceci en ce qui concerne la politique intérieure. 

En ce qui se réfère à la politique extérieure, l’Algérie semble n’avoir qu’une seule et unique préoccupation : le Maroc. Une préoccupation qui est passée du stade du souci à celui du persécuteur désigné que l’on rend responsable de tous les maux qui frappent les Algériens. Cela passe par des feux de forêt qui ont causé des ravages dans le pays, lequel s’est révélé dépourvu de moyens efficaces et modernes pour faire face à de telles catastrophes naturelles, désignant le Maroc et son allié Israël comme ceux qui ont mis le feu aux poudres. 

La réaction a été de rompre les relations diplomatiques avec Rabat, dans une escalade des hostilités qui a atteint son point culminant avec la fermeture de l’espace aérien algérien. Des décisions extrêmes qui se tiennent lors de hauts conseils nationaux, avec tout le cérémonial de circonstance comme au temps de la guerre froide, laissant planer tous types de danger sur toute la région où l’Algérie ne joue plus aucun autre rôle que celui de déstabilisateur. 

Un trouble-fête lâché par les USA, qui ont reconnu la marocanité du Sahara, par le Royaume-Uni, qui a déclaré tout récemment soutenir à 100% la position marocaine dans le règlement du conflit dans la région, par l’Espagne, qui juge son ancienne ministre des Affaires étrangères dans l’affaire du chef du Polisario qui a bénéficié de passe-droits pour entrer illégalement sur le sol espagnol, alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt. Cela, en attendant une position claire et ferme de la part de la France, qui ne sait pas encore sur quel pied danser dans la région du Maghreb, où elle voit d’un très mauvais œil l’offensive marocaine dans le Sahel et en Afrique, jadis pré-carré français. Et ce malgré une saillie qui sonne comme une gifle pour les dirigeants Algériens de la part du président français, Emmanuel Macron, qui a fait des déclarations on ne peut plus claires sur les intentions prochaines de Paris à l’égard d’Alger.   

Aujourd’hui, l’Algérie accuse ouvertement le Maroc de larguer des drogues au niveau de la frontière pour rendre toxicomanes les populations algériennes ! Rien que cela ! Le tout, avec grand renfort de commentateurs locaux qui rivalisent de non-sens, donnant dans l’absurde le plus risible. Ce qui nous pousse à poser cette question, somme toute, très simple : à quoi jouent les militaires algériens ? Quels sont leurs prochains projets ? Que préparent-ils ? Car, face à une escalade et une obsession de cette envergure, il faut envisager le pire.

Les généraux d’Alger sont capables de tout. Mais déclarer une guerre ouverte au Maroc sera pour eux l’acte suicidaire final, sachant qu’ils ont perdu la guerre sur tous les fronts et dans tous les domaines, face à un Maroc, droit dans ses bottes, qui sait cependant ce dont est capable le voisin et qui prend très au sérieux ce qui se trame au palais de El Mouradiya avec un président, Abdelmadjid Tebboune, qui donne de véritables signes de désordre cognitif. 

Ce qui fait dire à l'ancien ministre algérien, sous Abdelaziz Bouteflika, Nour Eddine Boukrouh : «Quand on n’est que simple quidam, devenir fou est un malheur inconsolable. Mais quand on est le ‎chef d’État du plus grand pays d’Afrique, le problème prend les proportions d’une menace ‎nationale et d’une source de désordre international. Ce n’est plus le sort d’un homme qui est en ‎jeu, mais celui d’une nation et de son voisinage.‎ Je passe sur sa déclaration attribuant vaniteusement à l’Algérie la possession du ‎‎«meilleur système de santé d’Afrique», avant d’aller passer trois mois dans un hôpital allemand, ‎ainsi que sur son estimation à 80% le taux de récession enregistré par les grandes ‎économies du monde, allégations qui ont jeté un doute sur son état de santé mental. Mais lorsque ‎le monde entier l’entendit proférer le 12 juin 2021, jour de la tenue des élections législatives, les ‎propos rapportés plus haut, le doute sur sa cohérence mentale n’était plus permis».

C’est dire à qui nous avons affaire aujourd’hui à un moment très critique pour toute la région, avec une France attentiste qui joue sur plusieurs tableaux, alors qu’elle pourrait peser de tout son poids pour apporter un début de solution à une situation qui s’enlise chaque jour davantage. Car, tout porte à croire que Abdelmadjid Tebboune et les généraux qui le télécommandent ont complètement rompu avec les réalités et vivent entre fantasme de grandeur et désir de tout faire éclater en mille morceaux dans toute la région, un dernier acte pour sceller un chaos inévitable.

«Par ses déclarations irresponsables, insensées et d’une stupidité jamais égalée à ce niveau, par son ‎entêtement à continuer d’aller systématiquement à contre-courant du sens commun et de la ‎volonté populaire, Abdelmadjid Tebboune fait courir au pays des dangers extrêmement graves», conclut l’ancien ministre algérien. ‎Dans cette optique, le pire est à craindre de la part d’un pays au bord du chaos, qui joue avec le feu et qui veut embraser toute la région.

 

 

Par Abdelhak Najib 
Écrivain et journaliste 

 

 

 

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