Abdelilah Benkirane n’aime pas rester dans l’ombre. L’ex-secrétaire général du Parti de la justice et du développement (PJD), peu visible sur la scène médiatique ces dernières semaines, a choisi le sixième Congrès national de la jeunesse du PJD pour faire une sortie au vitriol. Avec lui…, la parole se libère.
Dans un discours aux relents de diatribes acerbes, il s’est surtout contenté de flinguer Aziz Akhannouch, le président du Rassemblement national des indépendants (RNI), parti allié du PJD au sein de la majorité gouvernementale.
Cela, sous les applaudissements nourris de la jeunesse «Pdjiste» et devant un Saad Eddine El Othmani tout penaud.
De quoi, évidemment, mettre le leader du PJD et chef de gouvernement en bien mauvaise posture. Et, surtout, fragiliser davantage la majorité gouvernementale.
Mais Benkirane ne cherche-t-il pas cela, in fine ?
Il faut croire, avec le recul, qu’il n’a pas encore complètement digéré d’avoir été remplacé à la tête du gouvernement par El Othmani, à cause de son incapacité à former une majorité.
Un échec auquel il faut ajouter la tentative vaine de ses soutiens de lui faire briguer un troisième mandat de secrétaire général du parti, poste revenu encore une fois à El Othmani.
Dès lors, Benkirane semble trainer, à chacune de ses sorties médiatiques, une certaine aigreur.
Réussira-t-il pour autant à faire vaciller la majorité ?
En réalité, tout dépend de l’attitude qu'adoptera El Othmani : soit faire preuve de caractère et dénoncer ouvertement les propos de Benkirane afin d’assurer une certaine sérénité au sein du gouvernement, soit se murer dans le silence. Or, dit-on, qui ne dit rien consent.
Et, actuellement, le silence n’est pas forcément la meilleure réponse pour éviter la discorde au sein de la coalition gouvernementale.
Une coalition qui doit, plus que jamais, faire preuve de cohésion pour mener à bien les nombreux chantiers structurants du Royaume.■
D. W.