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Cette France d’Eric Zemmour : On y perd son latin

Cette France d’Eric Zemmour : On y perd son latin

 

Tout laisse croire que le torchon brûle sérieusement entre le Maroc et la France. Nous sommes très loin d’un nuage d’été qui sera suivi d’une belle éclaircie. Loin s’en faut. 

Les choses se corsent et l’escalade gagne en puissance et en profonds désaccords. C’est déjà un automne de grisaille sur fond d’attaques d’une certaine élite, d’insultes, par moyens interposés, d’accusations et autres griefs.  

Il y a d’abord cette information révélée par Europe 1 concernant la réduction drastique du nombre de visas accordés aux ressortissants marocains, algériens et tunisiens par le gouvernement français.

Pour justifier cette décision, qui a pris tout le monde de court, le gouvernement français avance le fait que ces pays refusent de reprendre leurs ressortissants en situation irrégulière. 

Le chef de l'État français, Emmanuel Macron, a décidé de diviser par deux le nombre de visas délivrés aux ressortissants algériens et marocains et de 30% pour les Tunisiens, en prenant 2020 comme année de référence. Une décision (prise depuis quelques semaines déjà selon le porte-parole du gouvernement français) aberrante et insensée qui surprend plusieurs Marocains. 

Pour le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, «la décision de la France sur les visas est injustifiée ». 

Il faut a priori la lire comme une pression supplémentaire de la part de Paris sur Rabat, après la vraie-fausse affaire Pegasus, le silence sur les hostilités algériennes contre le Maroc et les menaces que cela représente pour toute la région du Maghreb et du Sahel. 

Sans parler de la timidité de la France face au chaos que traverse l’Algérie et l’oppression vécue dans la douleur par tout un peuple livré à lui-même, escamotant ce chapitre et focalisant uniquement sur le Maroc. 

Un pays désigné comme le rival dans cette Françafrique qui prend l’eau de toutes parts et dont l’édifice se fissure à vue d’œil, tant la politique de Paris en Afrique et dans le Maghreb s’apparente à une volonté de perpétuer une tutelle qui a fait son temps, en faisant trop de mal et en laissant trop de dégâts dans ces anciennes colonies françaises exploitées à fond et sans retenue aucune. 

On comprend bien que Paris veuille rester maître du jeu dans ce qu’elle considère comme son pré carré, mais le Maroc a aussi de grandes ambitions et il les met en pratique à la fois dans le Maghreb, au Sahel et en Afrique de l’Ouest et de l'Est, damant souvent le pion à Paris dans des secteurs stratégiques. 

Ce qui n’est pas du tout du goût de la république et d’Emmanuel Macron, sentant le vent tourner et pas en la faveur de Paris et de ses privilèges en Afrique.
Cette nouvelle mesure de la part de la France nous renvoie à une affaire concomitante, déclenchée par le polémiste Eric Zemmour, qui avait tenu, le 29 septembre 2020, lors d’un débat de l’émission «Face à l’info», dédié à la question des mineurs isolés, des propos lourds de sens et de conséquences : «Ils sont des voleurs, ils sont des assassins, ils sont des violeurs. C’est tout ce qu’ils sont. Il faut les renvoyer… Attendez, il ne faut même pas qu’ils viennent … Il faut bien comprendre que ces gens-là nous coûtent de l’argent et, en plus, sont pour la plupart des délinquants, des voleurs, etc., venus du Maroc et du Pakistan et de la Tchétchénie, je crois…». 

Inutile de rappeler que ces propos relèvent du délit d’injure publique en raison de l’origine. D’où un procès contre Zemmour, avec tout ce qui s’ensuit comme déclarations et autres saillies malheureuses, versant dans l’invective la plus basique. 

Toute une littérature de gare érigée en slogans xénophobes qui ne s’en cachent pas. Avec un point d’orgue atteint le lundi 27 septembre 2021, quand Eric Zemmour a appelé à l’expulsion de millions de ressortissants, dont des Marocains, à la déchéance de la nationalité, à l’annulation des lois permettant les regroupements familiaux et le droit du sol, n’épargnant même pas les étudiants et tous ces millions de Marocains bien intégrés en France, portant nationalité française, n’étant ni terroriste ni islamiste, encore moins une menace pour la stabilité de la République. 

Ces ressortissants vivent dans le respect des lois et des règles en vigueur dans un pays d’accueil qui est aussi le leur, puisqu’ils sont nombreux à y être nés, à y avoir grandi et à en défendre les valeurs. 

De tels amalgames dénotent d’une vision unilatérale des événements, une vision étriquée et absurde qui balaie d’un revers de la main les réalités de la vie en France pour monter en épingle des faits divers et autres faits destinés à la rubrique des chiens écrasés pour feuilles de chou soldées et instrumentalisées.

On le voit bien, le Maroc perturbe profondément la vie politique française, à telle enseigne que les uns comme les autres en font un cheval de bataille électorale pour les présidentielles que briguent des figures comme Eric Zemmour et autres Marine Le Pen. 

Nous sommes loin des personnalités à la stature politique certaine. Le temps des derniers grands présidents de la France est bel et bien révolu. 

Un pays où Marine Le Pen ou encore Eric Zemmour fantasment de la présidence est un pays tombé bien bas et qui devient dangereux pour l’Europe d’abord, et pour le Maghreb et l’Afrique également.

 

 

 
Par Abdelhak Najib
Écrivain-Journaliste

 

 

 

 

 

 

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