Le discours prononcé par le Roi Mohammed VI ce vendredi 31 octobre 2025 restera comme l’un des moments les plus marquants du règne dans le dossier du Sahara. Le ton, la symbolique et la temporalité du message en font bien plus qu’une allocution protocolaire : c’est une proclamation de victoire politique et la consécration d’un long processus diplomatique de cinquante ans.
Le Roi parle d’un «avant et d’un après 31 octobre 2025». Ce choix de mots n’est pas anodin. Il traduit la conviction du Souverain que la dernière résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, adoptée à une majorité écrasante et sans aucun vote contre, consacre la reconnaissance internationale du plan d’autonomie marocain comme base réaliste et durable de règlement du conflit.
Depuis 1975, la question du Sahara s’inscrit dans le cadre du processus onusien, que le Maroc a toujours respecté et soutenu avec constance. Le Royaume a fait preuve de patience, a multiplié les preuves de sa bonne foi et a consolidé sa présence sur le terrain dans un esprit de coopération et de responsabilité. Le discours du 31 octobre marque une nouvelle étape : le Maroc agit désormais comme un acteur central du processus mené sous l’égide des Nations Unies, en affirmant la légitimité de son initiative et la crédibilité de sa démarche.
Le Roi annonce ainsi que le Royaume va soumettre une version actualisée et détaillée de son Initiative d’autonomie, une étape stratégique majeure. Cela traduit la volonté de Rabat de contribuer activement à la relance des négociations, en proposant une dynamique politique fondée sur la reconnaissance de fait de sa souveraineté et sur la recherche d’un consensus durable. Cette évolution ne s’est pas produite dans le vide. Elle résulte d’une diplomatie marocaine constante et d’un réseau d’alliances internationales solidement établi.
Le Roi cite expressément les États-Unis d’Amérique, la France, la Grande-Bretagne, la Russie, l’Espagne et l’Union européenne - une mention rare et hautement politique. Car si ces puissances encouragent désormais ouvertement les investissements et la coopération économique dans les provinces du Sud, c’est qu’elles reconnaissent la stabilité, la légitimité et la dimension stratégique du modèle marocain. Autrement dit, le Maroc ne se limite plus à une reconnaissance politique : il dispose désormais d’une légitimité fonctionnelle et économique sur le Sahara.
Un message d’ouverture envers l’Algérie
Dans la continuité de sa politique de «main tendue», le Roi Mohammed VI a adressé une invitation claire au président algérien pour un «dialogue fraternel sincère».
Cette phrase, apparemment conciliante, a une portée stratégique profonde : elle traduit la confiance d’un Maroc qui a consolidé sa position diplomatique et qui souhaite désormais ouvrir une nouvelle ère de bon voisinage.
En parallèle, l’appel du Souverain aux Sahraouis des camps de Tindouf démontre que le Maroc privilégie la réconciliation nationale à la confrontation. Le projet d’autonomie se présente ainsi comme une solution de dignité, inclusive et pacifique, tournée vers l’avenir.
Une vision d’intégration et de développement
Ce discours s’inscrit également dans une perspective interne. En affirmant l’unité d’un «Maroc uni de Tanger à Lagouira», le Roi replace la question du Sahara dans une logique d’intégration territoriale, politique et économique. Les provinces du Sud s’imposent désormais comme un pôle de développement régional et un hub de stabilité pour le Sahel et l’Afrique de l’Ouest. L’enjeu consiste à faire du Sahara une vitrine du modèle marocain de développement, capable d’enraciner la marocanité du territoire dans la prospérité et la coopération.
Une date historique
Cette date restera symbolique pour trois raisons :
1.L’adoption d’une résolution historique du Conseil de sécurité, qui confirme la primauté d’une solution politique réaliste et durable.
2.Le discours royal, qui traduit cette évolution en dynamique nationale de cohésion et de fierté.
3.La coïncidence avec les cinquante ans de la Marche Verte, transformant l’héritage en accomplissement.
Ce triple alignement - onusien, politique et historique - illustre la maturité d’un Royaume qui consolide sa souveraineté dans le cadre du droit international et en accord avec la légitimité onusienne.
Le Maroc dans une posture de puissance tranquille
Pour la première fois, le Maroc aborde la question du Sahara avec la sérénité d’un État sûr de lui. Le ton royal, empreint de calme et de fierté, reflète la maturité d’un pays qui ne revendique plus, mais confirme. L’appel à la raison, au dialogue et à la fraternité traduit une confiance assumée, sans arrogance ni tension.
Le 31 octobre 2025 consacre un demi-siècle d’efforts diplomatiques entamés par feu le Roi Hassan II et consolidés par Mohammed VI. Ce discours, profondément historique, ne rompt pas avec le processus onusien : il s’y inscrit pleinement, tout en l’élevant vers une phase de concrétisation et de stabilité.
«Le Maroc uni qui s’étend de Tanger à Lagouira», a déclaré le Roi. Ce n’est plus une ambition : c’est une réalité géopolitique reconnue et partagée.