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Sahara marocain : Conversation secrète

Sahara marocain : Conversation secrète

Le réalisme politique redessine le destin du Sahara marocain. Dans ce contexte de bascule historique, que peuvent donc se dire Abdelmadjid Tebboune et Brahim Ghali ? Eléments de réponse.

 

Par D. William

Depuis plusieurs mois, le dossier du Sahara marocain connaît une accélération diplomatique sans précédent. A l’ONU, un projet de résolution pourrait, dès ce 30 octobre, consacrer explicitement le plan d’autonomie marocain comme seule base crédible de règlement politique.

Le discours séparatiste de «dernière colonie africaine» s’effrite ainsi face à un consensus élargi. Car, sur la scène internationale, l’heure est au réalisme : la solution politique se dessine, portée par une majorité d’acteurs globaux. Dans ce contexte, le Conseil de sécurité envisagerait la transformation, voire la cessation de la MINURSO en fonction des progrès réalisés d’ici janvier 2026.

Pendant ce temps, dans les provinces du Sud, les investissements structurants se multiplient et les représentations diplomatiques s’installent, avec en toile de fond un développement socioéconomique. Dans ce climat chargé d’enjeux, l’Algérie et le polisario sont aux abois. Nous avons surpris cette discussion (fictive) entre le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et le chef du polisario, Brahim Ghali. Appréciez ! Alger, 00h14. Dans un immense bureau illuminé, seul le président ne dort pas. A Tindouf, un téléphone sonne.

 

Abdelmadjid Tebboune, d’une voix crispée : Brahim, réveille-toi. C’est urgent. Très urgent.

Brahim Ghali (voix ensommeillée) : Président ? C’est vous ? J’essayais de dormir.

 

A. T. : Pas le moment de roupiller ! Tu as vu la dernière version du projet de résolution de l’ONU ?

B. G. : Oui… Je l’ai lue trois fois et décortiquée ligne par ligne en espérant que le texte changerait. Rien. Le mot «autonomie sous souveraineté marocaine» est écrit en grosses lettres comme des pastèques.

A. T. : Le plus grave, c’est que les grandes capitales applaudissent. EtatsUnis, France, Royaume-Uni, Belgique…

B. G. : La BELGIQUE ? Ils sont neutres, d’habitude !

A. T. : Ben, elle ne l’est plus. On dirait un concours de soutien général. Les Américains vont même jusqu’à affirmer un «accord de paix imminent entre le Maroc et l’Algérie». Si ça continue, on va devoir… dialoguer.

B. G. : Dialoguer ? Avec du pragmatisme ? On n’a pas été formés pour ça ! On est spécialisés dans le «on verra demain» ! En tout cas, à ce rythme, la MINURSO va se reconvertir en agence de tourisme, avec comme slogan  : «Découvrez les provinces du Sud, tout compris» !

A. T. : Ne te moque pas, Brahim ! Les Américains parlent d’accélérer les choses. Les Russes renforcent leur partenariat avec le Maroc en signant des accords dans plusieurs domaines. L’Espagne applaudit. C’est grave, wallah  ! J’essaie de comprendre pourquoi tout le monde se range derrière Rabat. Personne ne nous soutient.

B. G. : Nous avons tenté un coup stratégique : on a glissé à l’AFP que nous pourrions accepter l’autonomie. Sous conditions, hein ! C’est important les conditions, ça donne l’impression de négocier.

A. T. : Tu as accepté l’autonomie ?!! PUBLIQUEMENT ?! Brahim, tu réalises la gravité de ton acte ? Tu viens de rendre crédible l’initiative marocaine !

B. G. : J’ai ajouté que ça devait passer par référendum. Le mot magique. Il évite l’impression de capitulation.

A. T. : Mais Brahim, le référendum est enterré depuis belle lurette ! On est les seuls à faire semblant de ne pas le comprendre.

B. G. (soupir) : J’ai improvisé, je croyais que c’était encore tendance. Mais on peut en parler en boucle, ça rassure nos partisans et ça donne l’impression qu’on a des principes. L’ART MARTIAL DE LA CHAISE VIDE

A. T. : De toute façon, nous ne participerons pas au vote du Conseil de sécurité. B. G. : Ah bon ?! A. T. : Stratégie officielle : silence, dignité et chaise vide. Officieusement : on ne veut pas signer notre propre humiliation. Cette fameuse chaise vide est indispensable maintenant. B. G. : Et si on s’abstient ?

A. T. : On avoue qu’on a compris. C’est pire.

B. G. : Donc, on fuit.

A. T. : Exactement. On appelle ça «nonparticipation stratégique». C’est notre plus grande invention diplomatique.

B. G. : Tu as raison président, tu es un très bon stratège. On devrait même la breveter. «Chaise vide™», méthode algérienne de gestion de crise.

A. T. : Tu te rends compte Brahim ? Si la résolution passe, tout le monde devra s’aligner. Même nous. D’ailleurs, le Secrétaire général de l’ONU dit qu’il faut «saisir ce moment historique».

B. G. : Ça veut dire «Arrêtez vos bêtises et signez l’autonomie» !

A. T. : Mot pour mot… Tu sais Brahim, pendant cinquante ans, on avait un slogan fort, simple et efficace : «Jusqu’à l’indépendance» !

B. G. : Et maintenant, le nouveau slogan pourrait être : «Jusqu’à l’autonomie» !

A. T. : De toi à moi, le Maroc a quand même beaucoup investi dans les provinces du Sud. Il y a des ports, des infrastructures routières et des zones industrielles, en plus des consulats partout. Ils accueillent même la CAN 2025 et la Coupe du monde 2030. Trop de progrès d’un coup, ça brouille nos slogans. Pendant ce temps, qu’a-t-on fait ?

B. G. : Des communiqués de presse.

A. T. : Le Maroc avance, Brahim. Sans bruit.

B. G. : C’est vrai. Et nous on fait du bruit. Sans avancer.

A. T. : Brahim, tu crois que c’est vraiment la fin ?

B. G. : Tu veux vraiment mon avis ?

A. T. : Non (silence inquiet), mais vas-y quand même.

B. G. : Oui, c’est la fin.

A. T. : Qu’est-ce qu’on va dire au peuple ?

B. G. : Il faut qu’on prépare une sortie honorable. On peut même inventer un concept  : autodétermination autonome déléguée sous souveraineté supervisée. Ça sonne sérieux, non ?

A. T. : Ça sonne surtout comme la victoire éclatante du Maroc.

B. G. : On peut au moins rejeter la faute sur quelqu’un ?

A. T. : Bien sûr. Comme d’habitude. On dira que les grandes puissances menacent la région.

B. G. : Parfait. On ne précisera pas comment.

A. T. : Jamais. Plus c’est flou, plus c’est crédible. Tebboune raccrocha alors, songeur. Il a compris que le temps des illusions s’achève. La vérité historique a fini par triompher. Le plan d’autonomie marocain, soutenu par la communauté internationale, s’impose comme l’unique solution crédible d’un conflit qui n’a que trop duré. 

 

 

 

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