La coalition gouvernementale vacille. C’est ce qui arrive généralement quand des partis politiques, assis sur des doctrines et idéologies différentes, s’accommodent d’une alliance pour être aux affaires.
Le Maroc n’y échappe guère. Et l’actuelle majorité en est un parfait exemple.
Alors que le feu entre le Parti de la justice et du développement (PJD) et le Parti du progrès et du socialisme (PPS) n’est pas encore éteint (www.laquotidienne.fnh.ma), un autre foyer d’incendie s’est déclaré au sein de la majorité.
Le torchon brûle, en effet, entre le PJD et le Rassemblement national des indépendants (RNI), depuis que le ministre de la Jeunesse et des Sports, Rachid Talbi Alami, s’en est pris virulemment au PJD le week-end dernier, lors de l’Université des jeunes indépendants.
Ses propos ont été pour le moins hostiles, qualifiant le PJD d’avoir entamé, depuis 2010, un «projet politique» visant à «nuire» aux institutions du Maroc.
Piqués au vif, les Pjdistes ont également réagi, par la voix, entre autres, du numéro 2 du PJD, Slimane El Omrani, qui, sur Facebook, a notamment affirmé que «ce sont des positions graves, nuisibles et non acceptables qui violent de manière flagrante la charte de la majorité dont votre parti est signataire».
Non sans faire allusion, avec ironie, au nombre de sièges obtenus par le RNI aux législatives de 2011 (37 sièges).
Bref, tout part en vrille dans cette coalition : entre joutes verbales et invectives, la réalité du jeu politique et les convictions personnelles ont fini par prendre le pas sur cette … alliance de façade.
Ces querelles domestiques finiront-elles alors par faire éclater la majorité ?
A l’évidence, aujourd’hui, le secrétaire général du PJD et chef du gouvernement, Saad Eddine El Othmani, a une double tâche : huiler les relations PJD-PPS, d’un côté, et réchauffer le vent frais qui circule entre le PJD et le RNI, de l’autre.
Seulement, est-il bien placé pour le faire ? A-t-il cette légitimité, lui à qui l’on attribue les tensions PJD-PPS, en ayant notamment été à l’origine de l’éviction de la secrétaire d’Etat chargée de l’Eau, Charafat Afilal ?
Avec le recul, dire que cette coalition gouvernementale est un véritable panier à crabes n’est pas faux.
Et tout cela n’est pas du tout rassurant.
C’est un très mauvais signal donné au monde des affaires, quand ceux qui sont au pouvoir se tirent des balles dans les pieds. Surtout à l’heure où le Maroc est en plein chantier et que nombre de réformes structurantes sont engagées.■
D. W.