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Madrid – Berlin : Les liaisons toxiques de Rabat

Madrid – Berlin : Les liaisons toxiques de Rabat

 

Rien ne va plus entre le Maroc et l’Allemagne. Ceux qui croyaient à juste une saute d’humeur quand le Royaume a décidé, le 1er mars, de suspendre tout contact avec l’Ambassade d’Allemagne au Maroc se sont lourdement trompés. Le malaise entre les deux pays est bien plus profond qu’on ne le pensait. C’est ce que nous apprend la communication faite par le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger, le 6 mai courant. 

Si, il y a deux mois, le ministère était très évasif, justifiant sa décision par des «malentendus profonds arec la République Fédérale d'Allemagne au sujet des questions fondamentales du Royaume du Maroc», cette fois, il a été en effet très explicite, ne laissant la place à aucune supputation. Les griefs contre les Allemands sont nombreux :

-    Multiplication des actes hostiles et actions attentatoires à l’égard des intérêts supérieurs du Royaume du Maroc, avec une attitude négative sur la question du Sahara marocain;
-    Accointances avec un ex-condamné pour des actes terroristes, en lui divulguant des renseignements sensibles communiqués par les services de sécurité marocains à leurs homologues allemands;

- Acharnement continu à combattre le rôle régional du Maroc, notamment sur le dossier libyen.

C’est pour toutes ces raisons qu’après le gel de ses relations avec l’Ambassade d’Allemagne dans le Royaume, le Maroc a davantage haussé le ton en décidant le rappel, pour consultations, de son ambassadeur à Berlin. Ce qui fait mal dans tout ça… Ce qui fait mal dans tout ça, ce n’est pas tant le fait que l’Allemagne, pays souverain, s’oppose au Royaume sur certains dossiers et gère sa politique étrangère selon ses convenances et intérêts. Ce qui, en réalité, déçoit, c’est plutôt le fait que l’Allemagne clame haut et fort et maintient qu’elle est un pays «ami» du Maroc. 
Amitié : dans l’arène politique, ce mot semble de plus en plus galvaudé.

Nos ennemis ne nous surprennent pas. Ils sont dans leur registre. Ils font ce que l’on attend d’eux. Ce qui nous surprend, c’est quand ceux qui se disent nos «amis» posent des actes similaires à ceux de nos ennemis. Et c’est visiblement ce que fait l’Allemagne : d’un côté, elle nous baratine avec l’excellence de nos relations économiques, de l’autre, elle nous savonne la route tout en y laissant une trainée de peaux de banane.

Ce genre d’«amis» sont pires que nos ennemis déclarés : ils sont fourbes, constamment dans la duplicité et cultivent une mauvaise foi outrancière. Laquelle légitime d’ailleurs que le gouvernement allemand, feigne d’être «surpris» par la décision marocaine, poussant l’outrecuidance jusqu’à demander des «explications»

Si l’Allemagne croit que la profondeur des relations économiques avec le Maroc fait foi de sésame pour s’autoriser des errances concernant les intérêts fondamentaux du Royaume, alors elle se fourvoie lourdement. Les intérêts supérieurs de la Nation, encore davantage l’intégrité territoriale du Royaume, ne sont ni monnayables ni discutables, et ne peuvent faire l’objet d’aucun compromis. Sur ce dossier, comme sur bien d’autres, le Maroc restera toujours inflexible. 

Il l’est avec l’Allemagne. Il l’est aussi avec l’Espagne, qui accueille sur son territoire le chef des milices du polisario, Brahim Ghali, accusé de crimes de guerre et de violations flagrantes des droits de l’homme (Lire Affaire Brahim Ghali : Le jeu pervers de l’Espagne). Un «acte prémédité» dont le Maroc «tirera toutes les conséquences».

Voilà donc deux pays qui, dans la conception de leur «amitié» avec le Royaume, sont kif-kif : ils sont capables de trahison pour d’obscurs desseins et vous entraînent dans des eaux troubles sans que vous n’entendiez «plouf» ! Des pays qui arborent, tous les deux, les deux faces de Janus. Mais au moins, maintenant, leurs jeux sont lisibles. Le Maroc sait à quoi s’en tenir. Le Maroc sait que ses soi-disant «amis» s’apparentent davantage à de mauvaises fréquentations, des liaisons dangereuses, voire même toxiques. 

Une chose est sûre : la confiance est aujourd’hui rompue. Et il faudra du temps avant que ne disparaissent les fritures sur les lignes Rabat – Madrid et Rabat – Berlin. Le temps pour l’Allemagne et l’Espagne de savoir qu’ils ne peuvent jouer sur plusieurs tableaux à la fois, surtout quand sont en jeu l’intégrité territoriale du Maroc et la souveraineté du Royaume sur ses provinces sahariennes. Dit grossièrement, dans un langage moins diplomatique cette fois-ci, ils ne peuvent jouer à la taârija et se gratter les fesses en même temps. 

 

 

Par Fatima Ouriaghli

 

 

 

 

 

 

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