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Affaire Brahim Ghali: le jeu pervers de l’Espagne

Affaire Brahim Ghali: le jeu pervers de l’Espagne

Le jeu trouble de l’Espagne crée des tensions diplomatiques et pollue sérieusement ses relations politiques avec le Maroc.

 

Par D. William

 

Un vent frais circule entre Rabat et Madrid depuis que la fameuse affaire du dénommé Brahim Ghali, chef des milices séparatistes du polisario, a été portée sur la place publique. Cet individu poursuivi pour crimes de guerre et atteintes graves aux droits de l’Homme, aux «bons soins» de l’Espagne soi-disant pour des «raisons humanitaires», est en effet au cœur des tensions diplomatiques entre les deux pays.

Il faut avouer que la posture et les agissements du voisin espagnol dans cette affaire sont pour le moins ambigus, voire franchement douteux. Et poussent à s’interroger sur le sens de cette amitié entre ces deux nations, revendiquée par la cheffe de la diplomatie espagnole.

«Cette question n’empêche ni ne perturbe les excellentes relations que l’Espagne entretient avec le Maroc, (…) un voisin, un ami et un partenaire privilégié dans les domaines économique, politique, (…)», s’est empressée de déclarer Arancha González Laya, au cours d’un point de presse vendredi dernier.

Laya fait soit preuve de naïveté extrême, soit elle ne mesure pas la portée de l’acte posé par le gouvernement espagnol. Car l’attitude de l’Espagne procède d’une faute politique grave et d’une trahison des règles qui doivent régir l’«amitié» et les relations de «bon voisinage», surtout quand le sujet sous-jacent concerne la souveraineté du Royaume sur son Sahara. En effet, dans ce qu’on peut désormais appeler «affaire Brahim Ghali», l’Espagne joue un jeu trouble et, osons le dire, suffisamment perfide pour que l’ambassadeur d’Espagne à Rabat ait été convoqué au ministère des Affaires étrangères pour exiger de lui les explications nécessaires sur l’attitude de son gouvernement.

Pourquoi Brahim Ghali a été admis en Espagne en catimini et avec un faux passeport ? Pourquoi l’Espagne a jugé utile de ne pas en aviser le Maroc ? Pourquoi a-t-elle opté pour son admission sous une fausse identité ? Et pourquoi la justice espagnole n’a pas encore réagi aux nombreuses plaintes déposées par les victimes ? A ces interrogations légitimes posées par le gouvernement marocain, l’Espagne a brandi jusqu’à présent une argutie bien ténue  et assez risible : la présence de Ghali sur son sol se justifie par des «raisons strictement humanitaires».

Froid polaire

Les considérations «humanitaires» autorisent-elles le faux et l’usage de faux, de trafiquer un passeport pour que Brahim Ghali devienne le citoyen algérien Mohamed Benbatouch ? De mentir à «son ami» par omission ? De prendre sous son aile un ennemi du Maroc sur lequel pèse un mandat d’arrêt européen ?...

L’Espagne est un Etat souverain qui peut accueillir qui il veut sur son territoire. Il est libre de fricoter avec Brahim Ghali en faisant les yeux doux à l’Algérie, pays qui, au lieu de s’impliquer totalement dans la résolution du conflit artificiel autour du Sahara marocain, est derrière une vaste campagne de propagande et d’hostilité contre le Royaume et manipule à sa convenance le polisario. Mais il faut alors que l’Espagne assume son choix avec responsabilité et qu’il ne se drape pas du sceau de l’humanitaire pour se dédouaner.

C’est faire offense à l’intelligence collective, à tous ces observateurs qui suivent avec lucidité l’évolution du dossier du Sahara marocain. C’est un jeu assez pervers auquel se prête le gouvernement de Pedro Sanchez en ce moment, tant cette affaire dégage un parfum nauséabond de connivences douteuses algéro-espagnoles au détriment du Maroc. Qui, aujourd’hui, pollue sérieusement les relations politiques entre les deux pays.

Reste maintenant à savoir si ce vent frais qui circule entre Rabat et Madrid ne se transformera pas en froid polaire. Nous le saurons une fois les jeux diplomatiques en coulisse rendus publics. En attendant, l’attention reste focalisée sur la justice espagnole. Ghali sortira-t-il de ce pays où il est poursuivi pour délit de génocide, assassinats et tortures aussi facilement qu’il y est entré ? L’Espagne va-t-il procéder à son arrestation  ? Ou bien échappera-t-il à la justice pour des raisons… humanitaires  ? L’avenir nous le dira..

 

 

 

 

 

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