Du changement dans le paysage politique ? Nous le serons très bientôt. Le Congrès du Parti de l’Istiqlal, qui se tient à partir de ce vendredi 29 septembre, va en effet déboucher sur l’élection du nouveau secrétaire général du parti. En face du SG sortant, Hamid Chabat, il y aura Nizar Baraka, l’actuel président du Conseil économique, social et environnemental. Bien décidé à occuper le fauteuil de Chabat, ce challenger de taille bénéficie pour l’instant de la faveur des pronostics. Fort du soutien de bon nombres de cadres de cette formation politique, on le donne en effet vainqueur devant un Chabat isolé, décrié et désavoué au sein même de son parti et qui aurait amplement participé à enfoncer le PI dans ses travers. Un PI qui a perdu sa splendeur d’antan et qui s’essaie maladroitement à exister sur la scène politique.
Par la faute de son actuel SG ? Certainement. Il faut dire que les nombreux actes posés par Chabat au cours de ces derniers mois lui ont non seulement desservi, mais ont également fortement nui à l’image du parti. Deux exemples suffisent pour étayer mon propos :
* La bourde qu’il a faite il y a quelques mois en déclarant que la Mauritanie était en territoire marocain. Une sortie qui a suscité l’indignation, et dont la conséquence a été un incident diplomatique entre les deux pays, poussant le Roi à dépêcher auprès du président mauritanien l’ancien Chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, et le ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Nasser Bourita, pour «dissiper tout malentendu qui pourrait avoir un impact négatif sur les excellentes relations qui existent entre le Maroc et la Mauritanie».
* Sa déclaration surprenante, pour ne pas dire grave, lorsqu’il a accusé les services de sécurité de vouloir le liquider. En invoquant constamment l’argutie de la théorie du complot pour susciter l’attention, il s’est attiré des inimitiés tant au sein de sa famille politique qu’au niveau du ministère de l’Intérieur.
De ces sorties médiatiques malencontreuses qui le placent en très mauvaise posture, Nizar Baraka, que l’on dit flegmatique et ayant le sens de la mesure, en profite tout naturellement. Celui qui bénéficie aujourd’hui du soutien d’une majorité des membres du comité exécutif du PI, a donc toutes les chances de pousser Chabat vers la sortie. Car on attend de lui qu’il redore les blasons d’un parti plombé par les querelles intestines et qui a perdu de sa superbe.
Mais il faudra d’abord qu’il soit porté par ses pairs à la tête du PI. Et rien n’est gagné d’avance dans ce choc des titans. Car, quoi que l’on dise, Chabat a néanmoins encore des soutiens. Suffisants pour le maintenir à son poste ? Suffisants pour que ça ne soit pas son dernier combat politique ?
Wait and see.■
D. W.